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Paul Morand, Jacques Chardonne

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Biographies

Paul Morand

C'est au chevet d'un Marcel Proust mourant que s'affirme la vocation littéraire de Paul Morand ; et c'est dans le vacarme d'une modernité incarnée par Jean Cocteau qu'elle va s'épanouir. Ce rejeton de la bourgeoisie parisienne, éclairée, artiste, aura connu tant d'astres de la bohème comme de l'élite républicaine. Deux mondes étanches qui vont former sa personnalité et dessiner sa double carrière de diplomate et d'écrivain. D'emblée, dans ses nouvelles et ses romans, Morand épouse les prouesses de son siècle en rompant avec un monde englouti à jamais par la Grande Guerre. Il roule vite, il vole loin. La terre a rétréci et il le fait savoir. L'écrivain au style étincelant, classique mais si reconnaissable, fait découvrir aux Français la magie de l'ailleurs. Sous de fausses allures de dilettante, cet amateur de sport et de jolies femmes trouve le temps d'écrire une oeuvre très ample qui ne s'arrêtera qu'à sa mort. S'il n'a jamais été fâché avec la géographie, Morand l'aura parfois été avec l'histoire. En 1940, il choisit Vichy alors qu'il est en poste à Londres. Sa proximité avec les rouages de la collaboration et sa fidélité indéfectible à Pierre Laval lui vaudront, la guerre finie, des années d'opprobre, d'exil et de solitude. C'est tard, à travers ses publications posthumes, qu'apparaît au grand jour un antisémitisme longtemps occulté. La lecture d'archives jusqu'ici inaccessibles, journaux intimes, correspondances inédites, a permis à l'auteur de cette biographie, la première depuis un quart de siècle, de signer le portrait d'un Morand à tant d'égards méconnu. Cette existence, faite de trajectoires superposées, trouve enfin ses ressorts et sa vérité.

11/2020

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Correspondance

Correspondance. Tome 3, 1964-1968

Commencée en 1949 et achevée presque vingt ans plus tard avec la mort de Jacques Chardonne, en plein Mai 68, cette correspondance est à tout point de vue celle de la fin d'un monde. Et pour Morand, c'est une amitié littéraire qui disparaît, "une boule de laine dans la gorge" . Cette "paire d'anarchistes conservateurs" , comme dit Morand, compte bien être aussi du nouveau monde, en observant avec acuité les bouleversements qui l'inaugurent et en assurant habilement la postérité de leurs oeuvres. Tout à trac, les Beatles, la guerre du Vietnam, la Nouvelle Vague ou Jack Kerouac s'invitent chez L'Homme pressé, qui semble toujours partout, en Espagne, à Londres ou en Allemagne, au Masque et la plume et aux "déjeuners Florence Gould" . Chardonne, qui fête ses quatre-vingts ans entouré de jeunes critiques, prépare quant à lui soigneusement sa sortie. Il publie Demi-Jour ; on pose une plaque pour le célébrer au village de Chardonne, en Suisse. Une lettre aimable du général de Gaulle suffit à le convertir au règne du "Monarque" , sous l'oeil amusé de Morand. Les deux farouches épistoliers jugent sans relâche les grands vivants et les grands morts dans l'arène des lettres : Cocteau et Drieu, Mauriac, Sartre, Malraux, Saint-John Perse et Jouhandeau, tout en scrutant les jeunes premiers, Le Clézio ou d'Ormesson. Chardonne a le regard aiguisé de l'ancien éditeur ; et Morand, celui du lecteur érudit, passionné d'histoire. Avec une brillante nostalgie, ce dernier voyage dans le passé, à la faveur de son Journal d'un attaché d'ambassade, retrouve son paradis d'enfance près de la Tour Eiffel, ou revisite déjà Venise. Le temps les rattrape, la fidèle épouse de Morand, Hélène, s'affaiblit et bientôt Chardonne ne répond plus. Dans ses dernières lettres, le moraliste laconique se fait étrangement chinois, s'effaçant dans le "Cosmos" ... Et le vernis délicat de son admiration commence à craquer, Chardonne reprochant à Morand sa légèreté coupable en politique, ses errements antisémites. Mais grâce à lui et à leurs milliers de lettres, Morand a tout de même réussi ce "self-portrait" éblouissant qu'il n'avait jamais osé écrire. C'est la Correspondance indispensable avant le Journal inutile.

11/2021

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Critique littéraire

Correspondance. Tome 1, 1949-1960

Très tôt. Paul Morand et Jacques Chardonne ont compris qu'ils écrivaient ensemble leur grand oeuvre. Dès 1957, ils rêvaient à la postérité offerte par cette correspondance. A travers leur amitié, deux univers et deux caractères s'affrontent : le cosmopolitisme face au microcosme, la vitesse flamboyante face à la concision lumineuse. Si leur style se change parfois en arme lourde et néfaste, le plus souvent les lames sont fines et étincelantes. Morand a la tenue noble du cavalier au sabre, dans une armure ciselée de mots qui brillent de mille feux. En bon Charentais, Chardonne excelle dans la botte de Jarnac et ses phrases courtes de moraliste font souvent mouche, le sage Chardonne, chirurgien du coeur, reste immobile dans son jardin de La Frette, tandis que l'ardent Morand ne s'arrête jamais, décapoté, de Vevey à Tanger en passant par le Portugal. Après les années noires de la guerre, c'est un bain de jouvence. Les Hussards naissent armés, comme Athéna, de ce couple improbable. Sous leur plume s'anime toute une génération de jeunes écrivains : Nimier, Frank, Blondin, Sagan, Laurent, Déon, Nourissier, tandis que Cocteau, Mauriac ou Malraux paradent. Morand et Chardonne, qui ne renient rien de leurs engagements, se tiennent en embuscade. Deux fois Morand échoue à l'Académie française, malgré les stratégies de Chardonne. Aux lectures au long cours - Chateaubriand, Proust, ou le Journal des Goncourt - se mêlent les commentaires des événements de Suez et de Budapest, de la guerre d'Algérie ou de la politique de celui qu'ils surnomment "Gaulle". La date de l'an 2000, à laquelle leur correspondance pourrait être divulguée, revient souvent comme l'horizon de l'immortalité. Si l'on parle encore d'eux au XXe siècle, pour Morand, la partie est gagnée : "Nos lettres pourraient être publiées, en l'an 2000, sous le titre Après nous le déluge, non ?"

11/2013

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Critique littéraire

Correspondance. Tome 2, 1961-1963

"Il était ma liaison avec la jeunesse, avec la vie, les éditeurs, les journaux, les films. Nous étions, un peu, son père." Roger Nimier est mort brutalement le soir du 28 septembre 1962, sur l'autoroute de l'Ouest. Après ce "coup de massue", Paul Morand n'a plus que sa correspondance quotidienne avec Jacques Chardonne pour se consoler. Depuis dix ans, les deux épistoliers illustrent au plus haut "un certain esprit français", avec ses travers comme ses traits de génie. Morand et Chardonne dominent toujours le siècle littéraire comme au balcon d'un théâtre : tandis que sur la scène disparaissent les amis Céline, Pierre Benoît et Cocteau, ressurgissent Proust, Claudel et Drieu la Rochelle. A l'orchestre, Mauriac, Jouhandeau ou Sartre reçoivent des boulettes de papier. Privé de son "fils" Nimier, Morand met alors en scène sa propre jeunesse dans des tableaux éblouissants : les riches heures 1900 ou les temps héroïques de la génération 1925. Ni la mort du hussard, son ancien protégé, ni celle de son fils Gérard ne troublent véritablement Jacques Chardonne. Le cour blindé par le style, il est tout à l'éducation de son nouveau favori, Matthieu Galey, et couve Bernard Frank, François Nourissier et Michel Déon d'un regard de velours cachant le venin. En secret, Chardonne prépare une "Histoire de l'édition" qui doit l'occuper jusqu'à sa mort. De l'Ecosse à Madère, Paul Morand, lui, poursuit ses voyages. Il vagabonde dans l'histoire et la politique, jouant aux prophéties avec Chardonne et trouvant dans le présent la confirmation de ses choix passés. Morand s'indigne de la construction du mur de Berlin, observe "Gaulle" devenu "le Guide" se dépêtrer de la guerre d'Algérie et de l'OAS, ou arbitre le duel entre Khrouchtchev et Kennedy avant la mort de ce dernier, qu'il trouve "balzacienne". Chez Morand et Chardonne, la littérature, c'est beaucoup plus que la littérature.

04/2015

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Littérature française (poches)

Ce que je voulais vous dire aujourd'hui

Jacques Chardonne a écrit des milliers de lettres. Voici un petit choix de grand choix, adressé à Marcel Arland, Jean-Louis Bory, Kléber Haedens, François Nourissier, Michel Déon, entre autres. Apparaît un Chardonne boitillant, facétieux, extralucide sur les gens, les choses de son temps : le marché du livre en 1948, la sexualité du mariage, le " style pompier " de Camus... La foudre à toutes les pages fait écrire à Paul Morand en avant-propos " Des professeurs de vie, il s'en trouve ; des maîtres à vieillir, c'est bien plus rare. " Car sur la solitude, l'indifférence, la mort, Chardonne excelle aussi, sans pathos.

09/2001

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Critique

L'idée d'Europe chez Paul Morand

L'ouvrage explore la contribution de Paul Morand, écrivain et diplomate, à l'idée d'Europe, de la Grande Guerre jusqu'à notre modernité des années 1970. Ses nouvelles, romans, essais et poèmes proposent des portraits d'Europe centrés sur l'essentiel, à savoir la tension entre la diversité et l'unité du continent. Du briandisme au pétainisme, Paul Morand a épousé des causes contradictoires et s'est compromis auprès de Pierre Laval. Enrichi de documents inédits, cet ouvrage met en avant le récit d'une écriture confrontée aux secousses de l'histoire européenne. Ecrivain controversé mais néanmoins reconnu pour la virtuosité de son style, Morand fait ainsi réfléchir sur le passé, le présent et l'avenir de l'Europe.

10/2023

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Pléiades

Nouvelles complètes / Paul Morand Tome 1 : [1921-1932

Ce que cherche Morand dans ces "éternels tropiques", c'est un goût passionné pour les voyages, la suppression des frontières, le brassage des cultures et des races. L'écrivain masque des êtres qu'on prendra pour lui. Ce qui l'agacera : "Que met-on dans ses livres ? Ce qu'on n'est pas et ce que l'on voudrait être, comme dans les rêves. Les livres sont des désirs refoulés, des actes manqués". Multipliant les approches, l'auteur affublera son personnage de masques successifs dont on ne saura jamais quel est le véritable. Aucun sans doute, car les Tropiques sont tristes et les femmes trop pâles sont déjà les mortes qu'elles seront : "Paule est toute blanche. Elle en remet". Incapables d'aimer, elles se donnent par ennui ou par hygiène. "Sous les apparences familières, apparaît un autre être, si différent qu'il décourage tout espoir de vraie connaissance et de possession totale", note Michel Collomb. Le cosmopolitisme de Morand ne serait-il pas, au fond, l'érotisation du voyage ? Au moment même où Morand coulera ses nouvelles dans un moule historique pour tenter une impossible objectivité, son imagination le trahira qui le conduira fantastiquement vers des au-delà dont on n'exige pas que l'auteur les justifie, et la peau de la belle créole "retournera au noir", ruinant ainsi toutes ses tentatives d'assimilation. Comme les nouvelles de Morand, ouvertes sur la Nuit.

05/2005

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Critique littéraire

Mille roses trémières. L'amitié de Paul Morand

Dans l'ultime au revoir que j'adresse à Paul Morand, je ne prétends pas arracher son masque et livrer son visage nu. Pendant longtemps il a joué à cache-cache avec lui-même. Voyageur pressé, Morand la Vitesse, formule qui a fait florès, diplomate amer, mondain désabusé : où se trouve l'homme véritable ? Que voulait-il cacher ? Une faille secrète, une faiblesse de caractère que personne ne devait connaître, une blessure de l'âme dont il ignorait lui-même la nature ? Qui le saura ? L'écrivain n'existe que dans la conscience de celui qui le lit. Chacun le voit à sa manière personnelle, selon son désir.

04/2004

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Histoire de France

Le soufre et le moisi. La droite littéraire après 1945, Chardonne, Morand et les hussards

A la Libération, Jacques Chardonne et Paul Morand semblent devenus infréquentables. Placés tous les deux sur la liste noire des auteurs " collabos ", démodés à l'heure de l'existentialisme, le subtil romancier du couple et l'ancien prince des années folles doivent, à soixante ans passés, repartir de zéro. Pour reconquérir leur statut, ces deux brillants écrivains que tout opposait nouent un véritable pacte de survie. Divine surprise : ils vont trouver un soutien inespéré chez les fringants écrivains de droite apparus dans les années 50, qu'on appelle les " hussards ". Roger Nimier, Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent, François Nourissier - et aussi Bernard Frank, Jean-Louis Bory, Matthieu Galey - remettent à l'honneur les deux grognards indésirables. En décryptant, grâce à des archives et des lettres peu connues, les dessous de cette étrange alliance, François Dufay brosse une histoire non conformiste de la République des lettres.

02/2010

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Critique littéraire

Correspondance. 1950-1962

Ces 485 missives entre Paul Morand et Roger Nimier vont au galop des Hussards : pastiches littéraires, menus gastronomiques, programmes de journées et de nuits fantaisistes, analyse technique des nouveaux bolides, commentaires sur les exploits des rugbymen français et le génie de Joyce ou de Talleyrand. De 1950 au drame de septembre 1962, la connivence et l'admiration s'installent vite entre un "père" qui semble rajeunir et un "fils" qui trouve, aussi, un camarade de jeu. Dans le ton sec à l'humour insolent, c'est le guide du parfait Hussard. Leur correspondance montre également Nimier au travail, dans la presse puis chez Gallimard. Délaissant son oeuvre, il défend un Morand négligé depuis la guerre et une certaine idée de la littérature. Puis il prépare secrètement son retour avec un roman de l'amitié, D'Artagnan amoureux, qui paraîtra un mois après sa mort. Entre-temps, Paul Morand est devenu le quatrième mousquetaire de la bande de Roger Nimier, avec Antoine Blondin et Kléber Haedens, qui sont les fidèles protagonistes de ces lettres. Sans compter bien sûr Jacques Chardonne, surnommé "le Solitaire", avec lequel tous deux correspondent en parallèle.

04/2015

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Tourisme étranger

Escales

Paul Morand à Vienne ou en Espagne, Michel Déon en Crète, Pierre Mac Orlan sur la mer Baltique, Jean-Louis Vaudoyer à Rome, Armand Guibert au Portugal, Jacques Chardonne à Royan, Théodore Monod dans le désert, François Nourissier en Suisse, Henry Miller à Paris, Ella Maillart en Inde et Blaise Cendrars aux quatre coins du monde. Ce recueil réunit des textes inédits des plus grands écrivains du XXe siècle. Ils ont bourlingué sur tous les continents et ramené dans leur malle des récits d'une exceptionnelle qualité qui, par-delà leur diversité, ont pour point commun la ligne de fuite et la perspective cavalière.

12/1993

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Critique

L'ambiguïté dans les <em>Nouvelles complètes</em> de Paul Morand

Bien qu'il se présente dans la société française de l'après- guerre comme un mal-aimé, Paul Morand (1888-1976) s'impose par son oeuvre littéraire et, plus particulièrement, par la nouvelle. A l'image de son auteur, la nouvelle se présente comme un genre dont la valeur esthétique réside principalement dans sa brièveté et dans son ambiguïté.

02/2022

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Littérature française

Mademoiselle de Cardonne

Publié en 1853, cinq ans après l'abolition définitive de l'esclavage dans les colonies françaises, Mademoiselle de Cordonne est un roman qui met en scène la situation politique et militaire à Saint-Domingue à la veille de l'expédition du général Leclerc. Pour préparer cette opération mandatée par le premier consul (Napoléon Bonaparte), le capitaine Meynard et son sergent, Caton Martial, personnages fictifs d'une mission historique, sont envoyés effectuer des reconnaissances clandestines dans l'île dans les derniers jours de janvier 1802. Mais si le capitaine Meynard s'est vu confier cette mission difficile, c'est non seulement parce que ses états de service précédents lui ont permis de se distinguer, mais aussi parce qu'il a révélé à ses supérieurs hiérarchiques son amour pour mademoiselle Nancy de Cardonne, fille d'un planteur domingois dont le glorieux passé militaire sous Louis XVI pourrait se révéler utile à la France. L'Histoire ne sert que de toile de fond à une aventure familiale et sentimentale malgré les dates, lieux, noms et scènes qui ponctuent le roman et qui sont destinés à suggérer un passé historique réel où Dessalines joue un rôle majeur et Toussaint-Louverture est aussi présent.

05/2020

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Littérature française

Le déjeuner des barricades

Mai 68 : tous les cocktails ne sont pas Molotov. A quelques centaines de mètres de la Sorbonne où les étudiants font la révolution, l'hôtel Meurice est occupé par son personnel. Le plus fameux prix littéraire du printemps, le prix Roger-Nimier, pourra-t-il être remis à son lauréat, un romancier inconnu de vingt-deux ans ? Sous la houlette altière et légèrement alcoolisée de la milliardaire Florence Gould, qui finance le prix, nous nous faufilons parmi les membres du jury, Paul Morand, Jacques Chardonne, Bernard Frank et tant d'autres célébrités de l'époque, comme Salvador Dalí et J. Paul Getty. Dans cette satire des vanités bien parisiennes passe le personnage émouvant d'un vieux notaire de province qui promène son ombre mélancolique entre le tintement des verres de champagne et les réclamations de " rendre le pouvoir à la base " . Une folle journée où le tragique se mêle à la frivolité.

08/2017

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Littérature française (poches)

Vivre à Madère

Un écrivain d'âge mûr part pour Madère où il compte retrouver un ami qui s'y est retiré, jadis, pour goûter un bonheur hors des vicissitudes du monde. Mais un tel bonheur existe-t-il ? Le narrateur découvre que son ami s'est peut-être suicidé ; pourtant, sans en avoir clairement conscience, il reprend la quête de l'ami disparu, cherchant à cerner la nature de ce bonheur qui se dérobe sans cesse... Le chef-d'œuvre de la dernière " manière " de Chardonne : une écriture de virtuose pour le plus délié, le plus élégant et, peut-être, le plus étonnant des romans de l'après-guerre.

09/2004

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Littérature française (poches)

Le ciel dans la fenêtre

«Je tiens Jacques Chardonne pour le plus grand prosateur de notre temps, mais plus on admire et plus on se sent malhabile à en justifier le pourquoi. Lorsque j'aurai, après tant d'autres, parlé de l'exquise pureté de son style, de sa mystérieuse transparence, de son étrange simplicité, de son classicisme tout frais, de l'éclat assourdi de ses formules, de sa rareté négligente, de sa candeur un peu retorse, de l'inapparence de ses transitions, de cette autonomie qu'il laisse à chaque phrase, de cette harmonie interne qui se révèle jusque dans la grâce visuelle de la page, quand j'aurai dit qu'il n'a pas son pareil pour charger une incidente d'un invisible explosif, et qu'il possède le secret de faire basculer tout le sens d'un paragraphe avec un adverbe nonchalamment placé, quand j'aurai avoué qu'auprès de lui, pour peu qu'on se mêle d'écrire, on se sent lourd, appuyé, emprunté, grossier, quand j'aurai rappelé les extraordinaires ressources d'une stylistique dont lui-même est peut-être à peine conscient, - aurai-je donné la moindre idée de son art souverain ? Jacques Chardonne n'a jamais écrit deux fois le même livre. Le Ciel dans la fenêtre ce n'est pas Matinales ; pourtant c'est la même lumière, ce sont des contrées, une société, des sentiments, une femme, des choses que nous connaissons, indéfiniment reprises depuis L'Épithalame ; le dernier mot ne sera dit sur aucune, dans ce ressassement inventif et comme musical de la vie en mouvement, sauf, peut-être, cette idée plus affermie aujourd'hui : "vivre dignement dans l'incertain".» Jean Rostand.

06/1998

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Littérature française

Destinées sentimentales. Les destinées sentimentales ; Femmes ; L'amour c'est plus que l'amour

A l'occasion des 50 ans de sa disparition, Albin Michel qui a été l'éditeur des OEuvres complètes de Chardonne de son vivant salue la mémoire d'un de ses auteurs cultes avec, pour la première fois, la réunion en un seul volume de trois livres : trois aspects de l'art de cet écrivain : le roman (Les Destinées sentimentales), les nouvelles (Femmes) et les essais et pensées (L'Amour, c'est beaucoup plus que l'amour.) Quel que soit le genre littéraire abordé, Chardonne, en vrai maître de la prose, se pose en analyste lucide, mordant, enchanteur et enchanté, du phénomène amoureux et de la vie de couple. Il n'a de cesse de décrire l'amour dans tous ses états et a pour particularité de mettre en avant des personnages féminins forts, et toujours d'actualité. L'occasion, par-delà les polémiques politiques, - et sans rien nier de leur caractère -, de prendre le temps de (re)lire le meilleur, le plus universel et le plus durable d'un grand écrivain qui a été loué par Alexandre Vialatte, Roger Nimier, Maurice Blanchot, Philippe Jaccottet ou Olivier Assayas.

10/2018

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Littérature française (poches)

Lettres à Roger Nimier

Jacques Chardonne, parrain des "hussards", et Roger Nimier,son plus flamboyant représentant, sont ici comme les deux rois tête-bêche d'une carte à jouer. Ces Lettres, caustiques, lyriques, attendries, toujours brillantes, Roger Nimier ne put les lire qu'après leur publication en volume. Jacques Chardonne n'y épargne pas ses contemporains ; Gide, Montherlant et Max Jacob font les frais de son humour dévastateur. Il ne fait pas seulement œuvre de pamphlétaire ou de chroniqueur : ce styliste cherche aussi comment vivre, ce rieur cruel saisit aussi des instants de grâce. A déguster comme un verre de Cognac.

09/2011

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Littérature française (poches)

Propos comme ça

Dans Propos compte ça, Chardonne abat ses phrases comme des cartes. Quel jeu ! C'est une suite de réflexions, de portraits et d'anecdotes sur les touts et les riens de la vie. La littérature, les femmes, la politique, l'histoire. L'œil " sec et perçant ", l'auteur se promène au balcon d'un siècle qu'il va quitter. Mais la hauteur n'est pas le dédain. Détaché, il rêve encore. Et pourtant... Ses plots n'engagent que lui, dégagé de tout. On appelle ça la liberté. Propos comme ça, et pas autrement !

09/2004

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Littérature française (poches)

Claire

Lorsque Jean rencontre Claire, il reconnaît dans cette jeune fille mystérieuse la femme qu'il cherchait. Mais le bonheur absolu n'existe pas sans le sentiment de l'éternité et tout amour porte en lui sa propre fin. Chardonne décrit magistralement l'échec d'une passion hantée par l'obsession de la mort.

11/2002

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Littérature française

Les destinées sentimentales

De tous les romans de Jacques Chardonne, Les destinées sentimentales est sans doute le plus ambitieux. Cette fresque historique et intimiste retrace le destin de Jean et Pauline, un couple confronté aux secousses des premières décennies du XXe siècle. Aventure sentimentale et aventure sociale se mêlent, faisant de ce roman d'amour une subtile peinture de la société bourgeoise et provinciale des grands fabricants de cognac et de porcelaine. Une œuvre flamboyante, étrangement actuelle, qui révèle l'art et le style d'un des plus grands romanciers français. " Il y a une chose qui m'a toujours touché, c'est le passage du temps, la manière dont les sentiments se font et se défont, la façon dont le monde change, dont on change soi-même. Tout cela, je l'ai retrouvé d'une manière inespérée, idéale, parfaite dans le roman de Jacques Chardonne. " Olivier Assayas

06/2000

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Critique littéraire

Les mondes de Michel Déon. Une biographie

Des Poneys sauvages au Taxi mauve, Michel Déon (1919-2016) a laissé bien des livres dans nos bibliothèques idéales. Son style, fait de grâce et de gravité, son sens du rythme et son regard sur l'Histoire assurent à son oeuvre un éclat à jamais intact. Dans les années 1950, il fait partie, aux côtés de Roger Nimier, Jacques Laurent et Antoine Blondin, de l'aventure des Hussards, sous le regard bienveillant d'aînés comme Jacques Chardonne et Paul Morand. Mais Michel Déon incarne une façon d'être et d'écrire irréductible aux clichés dont on l'a parfois affublé. Son oeuvre, riche d'une cinquantaine de titres, constitue un univers empli d'affinités électives, d'attitudes, de sentiments, de réflexes façonnant un art de vivre où l'enchantement le dispute à la mélancolie. A travers cet ouvrage, Christian Authier nous invite à visiter les "mondes" de Michel Déon, lui qui vécut comme un héros de roman, entre France, Grèce et Irlande à travers le XXe siècle. De L'Action française à l'Académie française, dans tous les milieux qu'il côtoya, il demeura un homme singulièrement libre.

01/2018

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Essais - Témoignages

Christian Millau, une vie au galop. Portraits croisés

Christian Millau eut plusieurs vies : journaliste au Monde, à L' Express, au Point, mais aussi à la revue Opéra que dirigeait Roger Nimier. Chroniqueur gastronomique, il créa avec son complice Henri Gault sa revue puis son guide. Ensemble, ils contribuèrent au renouveau de la cuisine française, à sa renommée internationale, et à la découverte de ses nouveaux chefs, Paul Bocuse en tête. Enfin, Christian Millau se consacra à l'écriture. Il publia notamment aux éditions de Fallois Au galop des Hussards, témoignage de l'aventure littéraire de ce mouvement ; et plusieurs ouvrages dont Journal impoli, Journal d'un mauvais Français ou encore Dictionnaire d'un peu tout et n'importe quoi aux éditions du Rocher. Sous la direction de François Jonquères, les textes inédits de Gilles Martin-Chauffier, Thomas Morales, Stéphanie des Horts, Philippe Bilger, Bruno de Cessole, François Cérésa, Guy Martin, Marc Veyrat, Yves Thréard, Marc Lambron... lui rendent hommage. S'y mêlent des lettres, des mots de Michel Déon, Antoine Blondin, Roger Nimier, Blaise Cendrars, Paul Morand, Jacques Chardonne, Marcel Aymé... Des portraits croisés qui nous replongent dans le tourbillon littéraire des années 1950 aux côtés de ces impertinents.

09/2021

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Histoire de France

Charonne. Lumières sur une tragédie

Le 8 février 1962, au carrefour Charonne, des charges de police d'une extrême violence font huit morts et des dizaines de blessés au sein d'une foule qui manifeste contre l'OAS et pour la paix en Algérie. Comment cette répression s'est-elle effectuée et qui en est responsable ? Quelques policiers dévoyés agissant spontanément, le commissaire qui commande l'intervention, le préfet de police Maurice Papon, les plus hauts responsables de l'État ? L'OAS a-t-elle réussi là une provocation spectaculaire ? Les archives de la préfecture de police, qui viennent de s'ouvrir, permettent d'analyser cette tragédie avec une précision tout à fait inédite en histoire contemporaine. L'analyse critique de cette masse de documents permet à l'auteur d'établir les faits avec une grande précision et d'étudier le système policier à l'œuvre à la fin de la guerre d'Algérie. Cet ouvrage met en perspective la tragédie de Charonne, en remontant aux manifestations des années 1960-1961 contre la guerre l'Algérie et en faisant au passage le point sur la fameuse répression anti-FLN du 17 octobre 1961, sur laquelle beaucoup d'erreurs doivent être rectifiées.

01/2003

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BD tout public

Dans l'ombre de Charonne

Maryse, une jeune lycéenne de 17 ans, décide de participer avec ses copains de lycée à une manifestation contre le fascisme et pour la paix en Algérie. Nous sommes à Paris, en 1962. Après 8 ans de guerre, l'indépendance de l'Algérie devient inéluctable. L'OAS, regroupant dans ses rangs les fervents défenseurs du dernier bastion d'un empire colonial agonisant, multiplie les attentats à la bombe sur la capitale. Le 8 février, après 14 attentats, dont un blessant grièvement une petite fille de quatre ans, des manifestants se regroupent dans Paris aux cris de " OAS assassins ", " Paix en Algérie ". La manifestation organisée par les syndicats est interdite par le préfet Maurice Papon. La répression est terrible. La police charge avec une violence extrême. Prise de panique, Maryse se retrouve projetée dans les marches du métro Charonne, ensevelie sous un magma humain, tandis que des policiers enragés frappent et jettent des grilles de fonte sur cet amoncellement de corps réduits à l'impuissance. Bilan de la manifestation : 9 morts, dont un jeune apprenti, et 250 blessés. 50 ans plus tard, Maryse Douek-Tripier, devenue sociologue, profondément marquée par ce drame dont elle est sortie miraculeusement indemne, livre son témoignage à Désirée Frappier. C'est une véritable histoire dans l'Histoire à laquelle nous invite l'auteur, restituant ce témoignage intime dans son contexte historique et tragique, tout en nous immergeant dans l'ambiance des années soixante : flippers, pick-ups, surboums, Nouvelle Vague, irruption de la société de consommation.

01/2012

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Critique littéraire

Berl, Morand et moi

En 1974, Bernard Morlino tombe sur un livre d'Emmanuel Berl (1892-1976) qui va lui donner accès à la culture. Face à la bêtise contemporaine, l'amitié entre le lecteur et l'écrivain devient le recours idéal. Durant un apprentissage hors du commun, où s'entremêle 1914-1918, l'esbroufe littéraire, l'amour, la Shoah, la religion, la non-violence, l'Europe, Colette, Cocteau, Malraux, Drieu et Camus, le mémorialiste se souvient qu'il fut l'un des principaux animateurs de l'intelligentsia des années 30 avant de ciseler son autobiographie dans Sylvia. Pour sceller leur rencontre, Berl offre à Morlino sa correspondance avec Paul Morand qui tranche avec le journal inutile. Colère contre la mort. Morand ne sort pas grandi d'un inattendu trio où excelle Berl, le Voltaire du XXe siècle.

09/2002

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Littérature française

Hiver Caraïbe. Et autres voyages

Toute sa vie, Paul Morand (1888-1976) a été un voyageur intrépide, insatiable, infatigable. Son métier de diplomate et son aisance ont certes favorisé ses goûts. Mais n'eût-il pas disposé de ces facilités, il aurait de toute manière satisfait ses envies : il était né globe-trotter. Si ses romans et ses nouvelles (dont certaines furent préfacées par Proust) révèlent un talent de conteur hors pair, ses récits de voyages nous font découvrir un homme avide de sensations neuves, de paysages inédits, de bruits, d'odeurs, de rencontres. Certes, on n'avait pas attendu Morand pour voyager. D'Hérodote à Marco Polo, de Montaigne à Montesquieu, les écrivains ont lié leur exploration de l'espace à celle de l'homme. Or, Morand ne se livre à aucun exercice de relativisme moral ou politique, n'essaie pas de se consoler des étroitesses du monde bourgeois par l'exotisme, fût-il oriental. Il voyage parce qu'il veut se sentir libre et toujours en mouvement. " Nous nous mîmes à dévorer la terre, impatients de la lenteur des paquebots, excités par la soudaine liberté. Nous cherchâmes à vivre au plus vite et à nous immobiliser le moins possible, à nous fondre dans ce qui nous apparut comme l'essence même de toute vie : le mouvement. " Qui n'aurait envie de se laisser entraîner à sa suite, de se laisser emporter par le rythme de sa phrase, de se laisser charmer par la pertinence et l'impertinence de ses notations ? C'est à juste titre qu'on a dit de lui : il a du style !

05/2019

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Critique littéraire

Journal inutile. Tome 1, 1968-1972

Ce journal couvre les dernières années de la vie de Paul Morand, de juin 1968 à avril 1976 : trente-deux cahiers manuscrits, déposés par lui à la Bibliothèque Nationale, et un dernier cahier inachevé faisant partie du fonds Morand, recueilli après sa mort par la Bibliothèque de l'Institut de France. Suivant les volontés de l'auteur, leur contenu ne devait être ni consulté ni publié avant l'année 2000. Il entendait ainsi les mettre à l'abri des indiscrétions et commentaires de ses contemporains. C'était aux lecteurs de cette époque encore lointaine qu'il destinait ce témoignage d'un homme animé par le plaisir d'écrire en toute liberté. Au Journal d'un attaché d'ambassade, datant des années 1916 et 1917, répond donc un demi-siècle plus tard son Journal inutile, dont le titre est emprunté à la tirade célèbre du Mariage de Figaro. Ces notes rédigées au fil des jours, sans se relire ni se corriger, mêlent rencontres, propos rapportés, réflexions personnelles sur les événements actuels et évocations du passé, lectures et voyages. Ecrit tantôt au feutre, tantôt au Bic, tantôt au stylo ou au crayon, accompagné de feuilles volantes, de pages arrachées à des carnets, de photographies, de coupures de journaux, de lettres épinglées (certaines, d'époques diverses, sont réunies dans les Annexes du tome II où figure également un index général), ce journal se présente comme une œuvre qui n'est pas si éloignée des collages des peintres. Il comporte même quelques petits dessins manuscrits, des dizaines de cartes postales et de papiers d'hôtels à en-tête de tous les pays du monde. Cosmopolite comme son auteur, révélant, comme lui-même l'écrit, son envie jusqu'à la fin d'" être ailleurs ".

02/2001

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Littérature française (poches)

Ferme la nuit

"C'était un très vieil endroit de plaisir, ce qu'avaient dû être Tortoni ou le Grand Seize dans leurs derniers beaux jours. (...) J'admirais les stalactites des lustres, les courtines de soie, les glands, les passementeries sans jeunesse, les écussons brodés aux armes impériales. Au fond de grottes en damas cerise, à grands motifs fruités, refroidissaient les glaces biseautées, les boissons, les diadèmes. Des dames à plumes m'entouraient, très décolletées, avec des ventouses dans le dos, comme de vieux baisers, sollicitant de moi une galanterie. Des domestiques vénérables décantaient de chauds bordeaux, encore avec des gestes rituels, mais bousculés, envahis par un public de mecs et de prostituées ; on voyait dans leurs yeux la fin d'un monde".

06/1993

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Décoration

L'allure de Chanel

Paul Morand faisait partie des proches de Chanel. Son dernier livre, écrit à partir des conversations qu'il eut avec la modiste, restitue, dans la langue étincelante de ce grand conteur, l'insaisissable Coco Chanel. Nous suivons, racontées à la première personne, son enfance chez des tantes qui lui donneront le goût de l'épure et le sens de l'argent, ses rencontres avec les providentiels M. B. et Boy Capel ; puis la création de sa maison, ses luttes contre les excentricités vestimentaires des dames du monde, ses succès, ses amitiés... Revivent, sous la plume exquise et vive de Paul Morand, Radiguet, Satie, Picasso, Churchill... Salué par la presse dès sa parution comme un livre de fête, un joyau raffiné et étincelant, L'allure de Chanel demeure la plus flamboyante des œuvres consacrées à Chanel.

04/2009