Réussir toute la pharmacologie en 75 fiches de révision et 75 entraînements. UE 2.11 Semestres 1,3 et 5

C'est en 2008, lors d'une réception après spectacle du Festival d'Avignon que le dessinateur est présenté à la chorégraphe par un ami commun. L'auteur de bande dessinée veut apprendre à danser, la danseuse l'invite plutôt à venir dessiner son travail. C'est ainsi qu'est née « Mathilde, danser après tout », un épais volume de grand format publié chez Denoël Graphic. Dans les 176 pages de ce livre, à partir d'entretiens, le bédéiste raconte le parcours chorégraphique qui a permis à la jeune danseuse fauchée, qui dansait à New York sans trop savoir ce qu'elle faisait, de diriger aujourd'hui un Centre chorégraphique national et de figurer parmi les chorégraphes les plus reconnues de la scène française.

L'ouvreur qui voulait brûler les planches les dessine

Conquis par le travail de la chorégraphe depuis la période où il bossait comme ouvreur au Théâtre de la Ville, Olislaeger tente de transcrire en dessins à la fois les intentions de la chorégraphe et les émotions qui peuvent naître dans le corps des danseurs et celui des spectateurs. Il cherche aussi par moments à révéler une vérité plus intime de la danseuse, mais l'exercice est périlleux quand on sait que le livre a bénéficié pour sa publication du soutien du Centre national de la danse et que, pour réaliser ce livre, le dessinateur a séjourné à Montpellier et été accueilli dans les bureaux de la chorégraphe. Difficile de mordre la main qui vous a nourri.

Pourtant, ce n'est que lorsque la BD révèle les fêlures de la chorégraphe que le projet se met à avoir un sens : lorsqu'au bout du fil son ancien partenaire, Jean-François Duroure avoue qu'il ne peut témoigner pour le livre, car c'est trop dur pour lui encore aujourd'hui d'évoquer le travail de son ancienne complice, qui a poursuivi seule le travail qu'ils avaient imaginé à deux (et que la maladie empêchait alors Duroure de continuer), lorsque l'on comprend à travers les aveux de Mathilde Monnier elle-même que son travail, toujours intuitif, sensitif, instinctif, a parfois du mal à s'expliquer au travers des mots ou à se justifier de façon cohérente, si ce n'est par le retour biographique sur des blessures d'enfance.

Dessiner l'invisible

Olislaeger cherche un langage graphique pour transcrire les corps en mouvement. Un langage fait de répétitions, de positionnement des croquis dans l'espace de la page : tantôt avalanche, tantôt apparition singulière, très souvent bandeau répétitif qui rappelle les dessins des zootropes, ancêtres du cinéma. Étonnamment, on ne parle presque jamais de musique dans les pages du livre, comme si la bande-son de toutes ces pièces dansées n'était qu'un support mineur. La musique de Katerine est réduite à ses textes, celle de plusieurs spectacles est tout simplement passée... sous silence. En revanche, alors que les pages d'entretiens et de rencontres s'étalent sur de grandes images noir et blanc, les chorégraphies sont retranscrites avec de petits dessins qui envahissent l'espace, dans des pages chargées de corps en déséquilibre et en mouvement, alignés à l'infini, et ponctués par des à-plats de couleurs.

Bien que le boulot de François Olislaeger soit considérable, je suis resté un peu en marge de ce projet. Ni iconoclaste, ni vulgarisateur, il semble parler à ceux qui ont déjà vu les spectacles évoqués et qui connaissent bien les personnages dont il est question. Certes, Philippe Katerine et Christine Angot ne sont pas des inconnus, mais l'album ne les présente pas, considérant que le lecteur, cela va de soi, connaît ces artistes comme il connaît sans doute le travail de Mathilde Monnier. À quoi bon alors lui raconter tout cela dans un livre ? Ne suffit-il pas de l'inviter à boire un verre à la fin d'un spectacle, où l'on croisera forcément ces pipoles artistiques, venus échanger des félicitations avec la chorégraphe.

Mathilde Monnier semble avoir parcouru bien du chemin depuis qu'elle dansait dans sa chambre à New York, en kilt, avec un complice et qu'ils étaient inséparables. On s'étonne que ce passage de la contre-culture à la reconnaissance institutionnelle, ce grand écart entre le programme artistique instinctif et le rôle de cerbère officiel de la danse contemporaine ne soient pas présentés comme un paradoxe. Est-ce juste le passage du temps et des modes ou la présence au bon endroit et au bon moment ? Est-ce l'effet d'un renoncement, d'un hasard ou d'un travail d'infiltration des lieux du pouvoir chorégraphique ? Le livre ne répond pas à ces questions, car il ne peut évidemment pas les poser.

Beach Stars tomes 1 et 2 de Masahiro Morio est un manga sur le beach volley. Alors bien sûr on s'attend à se trouver face à un Jeanne et Serge bis ou a ce que ça ressemble à tout autre manga sur le sport. Et ça n'est pas vraiment le cas.

Iruka Nanasé Est une jeune lycéenne qui fête ses 17 ans. Sa plus grande passion est le volley-ball. Son rêve est de grandir un peu parce que quand on fait 1m50 à 17 ans c'est quand même un peu difficile d'être prise au sérieux surtout en tant que joueuse de volley. Mais voilà que le jour même de son anniversaire Iruka constate avec horreur que le club de volley de son lycée a été fermé faute de membres. La jeune lycéenne est en pleine déprime.Quelques jours plus tard, ses amis et anciennes coéquipières la traîne à Odaiba pour aller faire un peu de shopping et se détendre sur la plage. Là, Iruka aperçoit des filets de volley-ball plantés dans le sable et des gens qui jouent au beach volley.

Ne résistant pas à l'appel du ballon, elle fil sur la plage pour essayer de prendre possession d'un terrain. Ce faisant, elle va croiser la route de Sanaé Hayakawa, une joueuse de beach volley pressentie pour représenter le Japon dans cette discipline aux Jeux Olympiques de Londres en 2012. Sanaé traite Iruka de naine et lui fait comprendre que vu sa taille, elle n'a aucun espoir dans le Volley (ou le beach volley). Iruka lui propose un match pour lui montrer de quel bois elle se chauffe. Mais le beach volley se n'est pas la même chose que le volley-ball, le match tourne donc très vite à l'avantage de Sanaé, cependant Iruka montre de très bonnes aptitudes pour cette discipline qu'elle ne connaît pas. À la fin du match, elle a pris sa décision, elle va se mettre au beach volley.

Un titre addictif qui sent bon l'été

Attention Beach Stars est un titre très addictif. Dès que l'on en commence la lecture, il est très difficile de s'arrêter, et nous, à la rédaction, nous avons dévoré les deux tomes d'un coup. Il faut dire que le personnage d'Iruka est très attachant, son côté gaffeuse mais très déterminée fait d'elle un personnage que l'on a envie de suivre. Un peu à l'image d'ailleurs de son effet sur les autres personnages du manga. De ce point de vue là Masahiro Morio a fait un excellent travail. De manière générale, tous les personnages sont bien travaillés et paraissent crédibles, même les plus loufoques.

L'histoire en elle-même contient tous les codes du genre et fonctionne à merveille. On a une héroïne douée mais handicapée par sa taille. Elle compense cela par une grande détermination et une formidable énergie. L'auteur a quand même le bon goût de nous épargner la romance un peu fleur bleue du genre Jeanne et Serge. Bon, par contre on ne va pas vous mentir, comme dans nombre de manga sur le sport, les personnages ont des coups spéciaux complètement incroyables et des aptitudes qui dépassent un peu l'entendement. Mais après tout, doit-on réellement s'en plaindre ? Ça rajoute un peu de piments et ça laisse rêveur. D'un autre côté, l'humour qui est très présent vient contrebalancer le tout avec un peu d'autodérision. Et quelque part certains coups spéciaux semblent plausibles, étant donné, par exemple, l'importance du vent dans ce sport.

Beach volley et fan service

Au niveau du dessin, c'est là aussi une belle réussite. Bon les décors et les arrières-plan ne sont pas légions et ne fourmillent pas vraiment de détails, mais le mangaka réussit à faire ressortir de ses planches une ambiance estivale. Le charac-design est un des points forts. On notera au passage une très forte proportion de fan service, cela dit comment pourrait-il en être autrement avec un manga sur le beach volley ? Enfin, le mangaka en rajoute quand même un peu pour le plaisir. Les matchs quant à eux, sont très bien rendus. L'action est claire, dynamique et bien détaillée. La lisibilité des parties est vraiment un autre des points forts de ce titre.

Beach Stars tomes 1 et 2 de Masahiro Morio, nous a vraiment enthousiasmé. L'histoire est passionnante, les personnages bien bâtis, l'humour est décapant et les dessins très efficaces. Les matchs sont des temps forts où se mêlent suspens et grand spectacle, le tout avec beaucoup de dynamisme et de clarté. Enfin, il se dégage vraiment quelque chose de ce titre. Pour peu on se croirait à la plage. Pour nous, c'est le manga de l'été. Et puis ben l'hiver, ça nous rappellera notre bel été. Bref, c'est léger, c'est addictif, c'est que du bonheur.

Beach Stars tomes 1 et 2 de Masahiro Morio est édité par Kurokawa. Les deux tomes comptent 224 pages et on pourra se les procurer pour 6,90 €. Le tome 3 devrait sortir le 27 août.

Bon alors rassurez vous, mon mémoire avance bien, ceux qui me suivent sur twitter le savent ;) et je devrais donc pouvoir vous faire de belles chroniques d'ici quelques semaines! En attendant, voilà la revue du web !

Bamboo Blade fait partie des quatre nouvelles licences annoncées par Ki-oon pour ses cinq ans. Ce manga se penche sur un art martial assez peu connu en France, le Kendo. Nous vous en avions déjà parlé lors de la Japan Expo et de notre petite initiation au Kendo. Bamboo Blade est scénarisé par Masahiro Totsuka et dessiné par Igarashi Aguri.

Kojiro est un professeur pas très motivé ni très respecté par ses élèves. Il est aussi le sensei du club de Kendo du lycée. Dans ce domaine là, on ne peut pas dire non plus qu'il soit très motivé. Il a aussi des problèmes d'argent, ce qui fait qu'il ne mange que rarement à sa faim. Tout cela pourrait bien changer avec le pari que lui propose, Kenzaburô, un vieil ami, sensei lui aussi d'un club lycéen de kendo.

Kojiro devra réunir une équipe de kendo de cinq filles capable de vaincre l'équipe de filles de Kenzaburô. Si Kojiro gagne, il aura droit à un an de sushi gratuit dans le restaurant du père de Kenzaburô. Une motivation suffisante pour que Kojiro accepte le défi avec enthousiasme, cependant il a oublié de demander à son ami ce qu'il se passerait s'il venait à perdre. Kenzaburô avait bien-sûr une idée derrière la tête.

Un manga sur le Kendo très didactique

Les tomes 1 et 2 de Bamboo Blade nous amènent jusqu'au début de la confrontation entre les deux équipes de filles. Le tome 1 est essentiellement consacré à la recherche de membres féminins et si possible doués en kendo pour le club de Kojiro qui ne comptait jusqu'alors que deux filles inscrites dont une régulièrement absente. Le tome 2 se fixe sur les petits tracas quotidiens des héroïnes et sur l'entraînement au kendo et s'achève donc sur les premiers combats de la confrontation entre les équipes de Kojiro et de Kenzaburô.

Bamboo Blade est un titre qui ravira les amateurs d'arts martiaux et d'humour. Ils y trouveront un manga très didactique qui permet de bien découvrir le kendo, mais aussi des combats clairs bien rythmés durant lesquels les pensées et stratégies des combattants sont dévoilées aux lecteurs. Le tout est ponctué par des touches d'humour et de légèreté très bien venues. On est assez vite happé par l'histoire qui bien que relativement simple maintient l'intérêt du lecteur jusqu'au bout et lui donnera envie de découvrir les tomes suivants.

Les caractères des personnages sont assez intéressants et source d'humour aussi. On retrouvera quelques archétypes bien développés comme l'enthousiaste, la petite timide (mais d'une efficacité au combat plus que redoutable), la schizophrène (douce comme agneau aux côtés de son copain mais sadique lors des combats), et la démoralisée (qui fait les montagnes russes entre phases de grand enthousiasme et de démoralisation profonde). Elles sont toutes à leur manière attachantes et ont la possibilité en évoluant d'ouvrir de nouveaux axes de scénario.

Des personnages attachants

Au niveau des dessins, les vignettes sont claires et aérées avec un cadrage simple et une répartition sur la page plutôt homogène. Lors des phases de combat par contre le trait s'assombrit les vignettes se remplissent de speedlines, et les cadres débordent. Tout cela soutient parfaitement le rythme du combat. Le charac-design enfin est relativement bien soigné sans être exceptionnel. Les personnages sont facilement reconnaissables et les émotions de ceux-ci sont bien retranscrites dans le dessin.

Bamboo Blade tomes 1 et 2 de Masahiro Totsuka (scénario) et Igarashi Aguri (dessins) est donc un bon titre de manga sportif. Il permettra de découvrir le Kendo de manière agréable avec de beaux combats, de l'humour et des personnages attachants. Si le scénario jusqu'à présent a été assez simple, il n'en est pas moins intéressant essentiellement par le travail réalisé sur la vie et le caractère des personnages. On est impatient de voir comme cette histoire va évoluer dans les prochains tomes. Le tout est soutenu pas un dessin sans prétention mais efficace qui a le mérite d'être clair et de bien restituer le rythme des phases de combat et les émotions des personnages.

Bamboo Blade tomes 1 et 2 de Masahiro Totsuka (scénario) et Igarashi Aguri (dessins) est édité par Ki-oon. Chaque tome compte 226 pages et coûte 7,50 euros. Le tome 3 devrait sortir le 12 novembre. Au Japon, la série est encore en cours de publication et compte 11 tomes. Enfin si vous souhaitez en savoir plus sur le Kendo Ki-oon vous propose une série de six petits documentaires sur différents aspects de cet art martial.

Sans un mot, Patrice Killoffer déroule sous nos yeux ébahis le quotidien émouvant, tantôt routinier et banal, tantôt festif d'un dessinateur et de son robot domestique : cette intelligence artificielle sur pattes est le meilleur ami de l'homme, semble-t-il. Mais comme le disent les philosophes (on les paie mal pour ça, d'ailleurs) : rien n'est éternel en ce bas monde : le robot passe la carte-mère à gauche et le pauvre dessinateur est d'un coup saisi par un étrange sentiment de solitude et de vacuité. Il faut qu'il trouve à nouveau l'âme sœur digitale...

Tour de force visuel En chair et en fer publié par Casterman poursuit le travail d'auto-exploration graphique entrepris par le dessinateur-scénariste dans 676 apparitions de Killoffer ou Killoffer tel qu'en lui-même enfin (tous deux à L'Association, en 2002 et 2015), confrontant à présent le double de l'auteur à la technologie et à la robotique. Pas besoin de paroles pour raconter en détail les liens subtils que peuvent tisser l'homme et la machine, pour exposer les problèmes de communication et les troubles de l'humeur...

Plus magistral que jamais, Killoffer s'en donne à cœur-joie pour dessiner les câbles et les rayonnages, les contours de meubles et les encadrements de portes. Le petit intérieur de son appartement habité par les robots se transforme en macrocosme qui boucle sur lui-même, entre rêve, itération et réalité, alors que chaque case tire une force incroyable du contraste exploité dans toute sa pureté entre le noir et le blanc.

Inspiré par l'essai Machines insurrectionnelles de Dominique Lestel que le dessinateur avait illustré, ce récit comique, malin, profond et touchant invite les lecteurs à plonger, en robe de chambre et scrotum à l'air, dans le petit monde bedonnant des machines qui s'humanisent et des humains qui se... comprennent enfin, dans la contemplation de leur double cybernétique.

Un album bluffant.