Plaisirs secrets de la grammaire. Coffret 4 volumes : La grammaire est une chanson douce ; Les chevaliers du subjonctif ; La révolte des accents ; Et si on dansait ?

Ce petit livre, léger et joyeux, est la suite du best-seller La Grammaire est une chanson douce. Nous nous retrouvons encore dans l’archipel des mots en compagnie de Jeanne et Thomas, deux jeunes adolescents perdus dans ce mystérieux pays tombé aux mains du terrible dictateur Nécrole. Depuis le premier opus, paru en 2001, nos deux jeunes héros ont quelque peu grandi. Cette fois-ci Jeanne, qui se demande toujours « Qu’est-ce que l’amour ? », après des aventures plus rocambolesques les unes que les autres, part à la découverte de l’île du Subjonctif en compagnie d’un cartographe assez loufoque.

Au milieu des habitants de cette île mystérieuse, elle découvre un aspect du langage bien moins complexe qu’on ne le croit souvent mais au combien riche de possibilités. Le subjonctif, c’est le mode du désir, de l’imaginaire sans quoi rien ne se construit, sans quoi rien n’a de sens dans ce monde. D’ailleurs, son frère Thomas ne s’y trompe pas, lui qui a décidé de rester dans cette île pour y faire fortune.

Ce petit conte enchanté est aussi bien ludique que poétique ou philosophique. Au travers de petites phrases simples, Erik Orsenna ouvre des fenêtres de réflexion sur le langage et ses rouages. Nous avons même droit à une petite étude comparée des emplois du subjonctif dans différentes langues. Pour auréoler tout ceci, le livre est parsemé d’illustrations colorées dans les tons pastel. L’univers presque onirique de cette écriture vient ainsi se retrouver dans les dessins proposés par l’illustrateur Bigre ! Un livre à conseiller aux petits et aux grands enfants…

Si vous souhaitez, après la lecture de cet ouvrage, continuer l’aventure, vous pourrez retrouver avec plaisir tout l’univers d’Erik Orsenna sur son site internet . Des informations sur l’auteur sont disponibles mais aussi des pistes pour aller plus loin dans la lecture de ses oeuvres pour les grands et les petits. Je vous invite vivement à faire un tour sur ce site qui offre une interface aussi plaisante qu’agréable en parfait accord avec l’imagination débordante d’Erik Orsenna. On peut même y écouter le premier chapitre de chacun de ses livres.

Quoi de plus satisfaisant pour un lecteur curieux qu’un mystère qui s’épaissit à chaque page ? distille ses révélations alambiquées avec la puissance d’un vieux cognac.

L’histoire commence en 1976 à Beyrouth par la mort d’Ibrahim, dernier héritier d’une lignée de migrants Syriens. Son corps est découvert par Norma, la maîtresse à qui il promet le mariage depuis vingt ans. Hanna le cordonnier et son ami de longue date, prend en charge les funérailles. Ibrahim a-t’il été assassiné ? On promet de faire toute la lumière sur cette affaire et chaque chapitre commence par un vœu d’honnêteté. Habile tour de magicien !

La clé du coffre est bien gardée. Elle glisse dans une meule de foin lorsqu’on croyait enfin la saisir et l’on tourne une page supplémentaire dans le fol espoir de la retrouver.Tour à tour, tous endossent la robe du prophète et celle du menteur, les habits de la victime et ceux du criminel, dans un carnaval étourdissant. Les facettes du récit prennent un aspect kaléidoscopique.

Jusqu’au moment où l’on réalise qu’au fond, la vérité revêt une importance toute relative. Car après tout, qui peut objectivement avoir raison ? Chaque témoin apporte sa pierre à l’édifice, taillée à l’aune de la perception du moment. La beauté du canevas que tisse Elias Khoury tient justement à ce chatoiement bigarré. La complexité du motif se révèle bien plus proche de la réalité quotidienne qu’une brillante, mais froide, démonstration de logique pure.

Avec l’agilité d’un joueur de bonneteau, Elias Khoury brouille les cartes d’une main maîtrisée. De son style prolixe et coloré, il brosse les contours du Liban depuis les cours et l’intérieur des échoppes, où la guerre n’est présente qu’en arrière- plan. A la façon d’un conteur des temps anciens, il glisse dans son récit des perles de sagesse sur le sentiment d’identité et d’appartenance à un pays. Le Coffre des Secrets est une boîte à malices qui ne manquera pas de surprendre.

Retrouvez Le coffre des secrets, d'Elias Khoury, en librairie

Dans les rues de Grenoble inondées de brouillard, l'auteur traîne un poids au fond de son âme.

Alors qu'il y est invité pour participer à un colloque organisé à l'Université Stendhal sur le thème Témoins et Témoignages, mémoire collective et individuelle, toutes ses pensées sont accaparées par le décès de sa mère à peine deux semaines plus tôt.

Celle-ci s'est lentement laissé mourir pendant près de dix huit mois après une chute dans les escaliers de sa maison. Une chute bien moins grave qu'il n'y pourrait paraître mais qui a cassé quelque chose en elle. La peur s'est introduite dans sa vie et ne l'a plus quittée alors que l'envie de mourir s'installait.

Dix huit mois de descente progressive aux enfers pour elle et pour son entourage : ses fils, la famille, les amis.

Dix huit mois pour sombrer progressivement dans l'absence et le mutisme tout en gardant quelques bribes de lucidité malgré le cancer qui s'est invité à finir le travail de sape.

C'est au cours d'un de ces instants de quasi retour à la vie, alors qu'elle est clouée dans son fauteuil roulant qu'elle ne quitte plus que pour aller au lit, qu'elle remet à son fils une serviette contenant des papiers de famille : les titres, centenaires, de propriété de la maison, des documents divers parmi lesquels l'auteur découvre que, en 1940, son père, mort depuis des années maintenant d'une brusque crise cardiaque, avait alors été condamné par la justice espagnole à douze ans de prison.

Tue pendant des années par toute la famille et par tous ceux qui avaient pu le savoir, cette information fait l'effet d'une bombe pour l'auteur qui n'en avait jamais eu le simple soupçon.

Au travers de ces pages, il semble bien qu' ait voulu exorciser le trouble dans lequel l'ont plongé les deux évènements énormes que la vie lui a assénés au cours de ces dix huit mois éprouvants : la lente disparition de sa mère et la brusque découverte de ce que l'histoire avait fait à son père.

Le style est oppressant, répétitif, brusque, parfois presque brutal. Le propos fait d'innombrables et perturbants allers-retours entre Grenoble et l'Espagne, entre aujourd'hui et de nombreux hiers, entre la mère, le frère et le père.

La mort est omniprésente, oppressive, suffocante, inexorable, attendue, subie, rejetée, désirée. Elle imprègne toutes les pages du livre.

Le passé – le silence qui l'a entouré – peine à ressurgir des limbes où il a été systématiquement enfoui : les vaincus ont assez de leur peine pour se risquer à subir la honte voire l'opprobre en l'évoquant.

La brume et la pluie de Grenoble n'ajoutent aucun rayon de soleil qui pourrait éclaircir le présent.

C'est un exorcisme, c'est une psychothérapie, un long chemin entre les vérités des uns et les silences des autres. C'est un effort de mémoire pour comprendre, pour savoir : « nous écrivons pour savoir, pas pour montrer ce que nous avons ».

Ce ne sont pas des souvenirs, ce n'est pas vraiment une biographie (de qui ?) mais c'est une introspection où l'attitude personnelle de l'auteur face à la vie, face à la mort, ses certitudes sont profondément bouleversées.

Cela se traduit aussi dans l'écriture, pas simple, parfois rébarbative avec ces paragraphes qui mesurent un chapitre quand ils ne sont pas simplement dépourvus de ponctuation.

Mais ce sont de belles pages d'amour d'un fils à sa mère, à son père, à son frère, à la vie, à la culture, à la poésie.

C'est un effort pour le lecteur mais il mérite d'être fait.

Après Fun Home et C’est toi ma maman ? (traduction Lili Sztajn et Corinne Julve), respectivement sur son père et sa mère, deux ouvrages dont je vous conseille grandement la lecture par ailleurs, l’autrice revient ici sur... eh bien, elle-même.

240 pages d’introspection, de psychanalyse, d’humour et de questionnements. J’aime le travail de Bechdel, je trouve toutes ses œuvres incroyables, elles me touchent énormément.

Je suis toujours admirative de la façon dont elle parle d’elle avec humilité et recul, tout en réalisant un travail aussi intime. (traduction Lili Sztajn)

Pour les beaux yeux d'une dame et l'amusement de ses amis, Charles-Geneviève, chevalier d'Éon, se rend un soir au bal de la Cour, travesti en femme… une femme si convaincante qu'elle éveille les ardeurs du roi Louis XV lui-même! La farce pourrait tourner à la tragédie: elle va changer la vie du chevalier, jusqu'alors simple étudiant en Droit. Il accepte de se charger d'une mission secrète auprès de la tsarine Élisabeth, reprend ses jupons et file grand train vers Saint-Pétersbourg; mais dans les couloirs du Palais d'Hiver se nouent de ténébreuses intrigues et de multiples dangers guettent le nouvel agent…

a trempé sa plume dans l'encre de Dumas et des grands feuilletonistes du XIXe siècle, cela se sent, comme s'éprouve la jubilation de l'auteur à faire revivre des personnages hauts en couleur. Elle nous offre un roman historique à la documentation impeccable, au rythme haletant, riche en péripéties, en rebondissements, en répliques qui font mouche. On s'étonne, on s'amuse, on s'attendrit sur le héros, son visage d'ange et sa témérité juvénile, bref, on galope à sa suite sans se faire prier. Le deuxième tome de Chevalier d'Eon, agent secret du roi, est annoncé pour le mois d'août 2011, gageons que nous serons nombreux à la portière de son carrosse!

Hygiène de vie, envie d'innovation, retour au naturel, goût du risque ? Nul besoin d'être crudivore pour avoir envie d'essayer cette nouvelle cuisine, de tester de nouvelles saveurs.

Ce petit livre, carrément original, propose des pâtisseries sans sucre blanc, sans œufs, sans beurre ni margarine ou même farine, levure. Un défi impossible à relever ? Presque, car façonner des tartes ou des crèmes sans œufs ni farine relève bien de l'exploit. Aussi soyez prêt à abandonner vos principes de base pour confectionner gâteaux, mousses ou tartes, à renouveler également vos placards en ingrédients insolites. Acceptez aussi les essais ratés car pour cuisiner cru, un tour de main s'impose.

En abandonnant la cuisson, le temps d'un dessert, l'auteure propose de renouer avec certaines saveurs et certains aliments et garantit un goût plus authentique et fort, auquel il n'est plus besoin d'ajouter exhausteurs ou édulcorants. Donc un résultat forcément plus sain.

Si l'ensemble paraît tentant et alléchant, il faut tout de même se préparer au changement d'habitudes et de goûts inscrits durablement dans notre culture et notre cerveau. Ne pas s'attendre d'emblée à trouver les plats exquis, se montrer curieux et sans apriori sont les conditions nécessaires pour se lancer dans la réalisation des pâtisseries proposées. Enfin, comme le souligne justement ,  garder une attitude modérée vis-à-vis de la cuisine crue facilitera les tentatives et le plaisir.

Changer sa manière de cuisiner suppose souvent d'acheter autrement. Des ingrédients de base, plus facilement disponibles en épiceries bio sont répertoriés en début d'ouvrage. Beurre de cacao, dattes, flocons d'avoine, farine de coco, beurre de coco, avocat, sarrasin, agar-agar devront intégrer vos placards. Ajoutez à cela un blender, appareil indispensable. Et le tour est joué, ou presque !

Car, préparer une mousse au chocolat uniquement avec du chocolat et du lait de coco fouetté ne s'improvise pas. Pour peu que l'on n'ait pas trouvé la marque de lait de coco approprié, il conviendra d'ajouter des œufs pour ne pas avoir à jeter la préparation.

Si la préparation du lait végétal vous semble ardue et contraignante, restez souple et achetez ceux du commerce. Par contre, ce livre vous apportera plein de surprises (après l'échec)  auprès d'une crème anglaise ou d'un clafoutis aux noix de cajou vraiment délicieux ou d'une tarte au chocolat avec une pâte à base de poudre d'amandes, de cacao et de grains de sarrasin et une crème où l'avocat et les dattes garantissent une onctuosité assez surprenante.

Un conseil, testez les recettes avant d'inviter, c'est plus sûr. Amusez-vous en cuisinant, créez la surprise auprès des vôtres sans révéler les ingrédients qui composent ces desserts. Ce livre a de quoi étonner, surprendre et convaincre si l'on persévère un peu.

Olive est une petite fille de onze ans, douce et timide. Elle vient d'emménager dans une grande maison impressionnante, avec ses parents. Ces derniers sont des scientifiques très occupés qui n'ont guère le temps de s'occuper de leur fille solitaire. Elle est donc livrée à elle-même et, pour tromper son ennui, va partir explorer les nombreuses pièces de cette immense baraque étrangement décorée. Il y a, entre autres, de grandes tableaux, un peu partout et on ne peut pas les ôter des murs. Les affaires de l'ancien propriétaire trainent encore, ici ou là. Et lors de ses fouilles, Olive va découvrir une paire de lunettes qui, en apparence, a tout d'ordinaire. Seulement voilà, lorsqu'on les porte, les personnages des tableaux se mettent à bouger, s'animer et même parler! En plus, elles permettent à Olive d'entrer dans l'image! Mais attention: si elle les perd, elle se retrouvera coincé dans la toile…

nous dresse ici le portrait d'une petite fille en quête. En quête d'un tas de choses, en réalité: de réponses, de mystères et d'aventures. Et d'elle-même. Dans La Maison des Secrets et dans cet univers magique où les chats parlent, où les tableaux vivent et où une présence hostile menace notre jeune héroïne si attachante, Olive va s'épanouir et grandir. Elle dévoilera les secrets de cette maison, son histoire, son passé mais surtout, elle se découvrira du courage, une grande intelligence et d'autres qualités insoupçonnées. Le tout est drôle, nourri de personnages singuliers et riches. Le ton est léger et piquant. Bref, une jolie visite à faire chez Olive, avec Morton, Horatio et les autres, dans la maison des Dunwoody à Lindon Street…

La collection regroupe de petits volumes, "chics et pétillants, à offrir enrubannés ou à glisser dans son sac", propose des thèmes variés faciles à lire et divertissants avec une  attention particulière aux mots et à leur saveur.

Agrémentés généralement de  nombreuses citations d'écrivains, ils se composent également de jeux littéraires et culturels pour tester connaissances, érudition et mémoire mais toujours avec l'intention d'amuser, sans prendre trop de hauteur. Chaque ouvrage est illustré avec soin et originalité.

Quatre nouveaux titres viennent de paraître pour l'été et devraient assurément séduire le lecteur occasionnel ou pas, curieux et joueur, poète et philosophe, qu'il soit ou non féru de culture littéraire.

Aussi pour ne pas bronzer idiot, vous pouvez démarrer sans appréhension l'ouvrage de Véronique Jacob sur les héros littéraires et constaterez rapidement qu'ils sont restés bien présents dans votre mémoire et votre imaginaire. Il est à parier que vous saurez trouver les nombreuses réponses. De là, naîtra sans doute un léger contentement et de la satisfaction. Ne vous en privez pas !

Alors, comment s'appelle la baleine dans le roman d'Herman Melville ? Quel est le nom de famille du couple d'aubergistes qui recueille Cosette dans les Misérables ? Un peu plus compliqué ensuite, dans la pièce de Racine, Phèdre est amoureuse d'Hippolyte alors qu'elle est mariée au roi d'Athènes. Mais qui est ce roi ? Vous séchez ? Trois propositions : Ménesthée, Egée, Thésée ? C'est encore compliqué ? Rassurez-vous, toutes les réponses aux questions sont fournies.

Si Thésée vous a déstabilisé, vous pouvez vous tourner alors sur Les Méchants en littérature, présentés par Isabelle Mimouni (224 pages, 7,50 euros) et (re)découvrir Barbe-Bleue, Caïn, Dracula, Jacques Lantier, Néron, Voldemort ou encore Mme de Merteuil… "quarante voleurs de bonté", tous plus fascinants les uns que les autres et présentés sur une double-page et plus, accompagnés généralement d'une illustration d'Olivier Tallec  et d'un extrait de texte qui les mettent en scène.

Maintenant si vous souhaitez recentrer votre attention sur un auteur précisément et éviter l'effet de survol, deux autres titres, Promenade chez Montaigne (176 pages, 7,50 euros) et Les plus belles citations de Jean Tardieu (144 pages, 7,50 euros) permettent de s'initier à la pensée du philosophe et à l'univers poétique, drôle et inquiet, multiple et inclassable, extrêmement créatif de l'écrivain.

Deux approches illustrées, elles aussi, qui permettent de feuilleter une œuvre dense. Deux livres dont la structure et le découpage piquent la curiosité et donnent bien envie d'aller voir plus loin à l'intérieur des Essais ou au cœur d'Une voix sans personne. 

Qui sait ? Votre été sera peut-être plus philosophique que vous ne l'aviez envisagé.

A noter : pendant l'été Folio part à la rencontre des lecteurs sur leurs lieux de vacances. En partenariat avec les Nocturnes littéraires, un vélo-librairie démabulera de ville en ville, en Bretagne puis sur la côte méditerranéenne. Plus d'infos sur http://www.nocturneslitteraires.fr/

D'autre part, du 1er juillet au 31 août, Folio installe sa bibliothèque éphémère sur les bords de la Seine, en accès libre et gratuit. Les lecteurs seront invités à partager leurs coups de coeur au moyen de marque-pages annotés à glisser dans les livres. Plus d'infos sur http://lesberges.paris.fr/