Christiane Falgayrettes-Leveau, Manuel Gutierrez, Boris Wastiau, Manuel Jordàn

Rien de tel que la rentrée pour parler d'un album qui nous entraîne très loin du quotidien, du fil permanent d'infos et de rumeurs, au plus profond de la jungle, même si le voyage n'est pas de tout repos. Pour nous guider, deux bédéastes venus du Vieux Continent : Joub, au scénario, à qui l'on doit le dessin des aventures de Geronimo et celles de Max et Zoé (sur scénario d'Etienne Davodeau) et Nicoby, au dessin, auteur de tant d'albums qu'on ne peut les citer tous, dont le déjà très drôle Nu chez Six Pieds Sous Terre ou, plus récemment  Ouessantines  et  Belle-Île en père  avec un scénario de Patrick Weber.

Très certainement autobiographique, l’histoire que raconte, en français, l’écrivain bosniaque Velibor Čolić dans ce nouveau roman, s’apprécie dès les premiers mots et ne se laisse ensuite interrompre une seule fois. 

Ce premier volet de la trilogie de Glasgow (disponible chez Liana Levi et en Livre de poche) possède une structure narrative surprenante et hautement sympathique.

POLAR ETRANGER - Fascinée par l’affaire Bernard Madoff, Emily St John Mandel imagine les vies des anonymes entraînés dans la chute de l’escroc américain. Avec délicatesse, elle évoque ces destinées qui, toutes, s’imbriquent étroitement en un gigantesque puzzle.

Le contre-avis de Victor de Sepausy

Dans Je me souviens, Boris Cyrulnik s’est attaché à revenir sur deux événements majeurs de son enfance.

Après un trajet en voiture un peu houleux, Will et Connie arrivent chez eux. La douceur du foyer calme alors les tensions du jeune couple qui se répartit les tâches ménagères à réaliser : tandis que le premier s’occupe de la vaisselle, la seconde va faire quelques courses. Durant ce moment suspendu de rêveries, Will se remémore les disputes qui ont émaillé ce voyage. Puis Connie tarde à rentrer. Reste injoignable. Les heures passent et les pensées s’accumulent jusqu’au désespoir. 

Roman : Le Manuel du serial killer, de Frédéric Mars

Le scénariste super-star Grant Morrison collaborait avec l'artiste de renom Liam Sharp pour donner vie à une quadrilogie Green Lantern. Quatre volumes d'une histoire totalement hors-norme, entre multivers, antimatière et monde parallèle. Une aventure parue entre octobre 2019 et mars 2022 en France, dont l'audace et l'originalité, chamboulait le monde de DC Comics.

Pourquoi ce livre :

En 1990 paraît Une année amoureuse de Virginia Woolf sous le nom de Christine Duhon. Désormais connue comme Christine Orban, elle retravaille son premier jet pour le publier de nouveau : ainsi naquit Virginia et Vita. 

Cette qualité d’être « seuls », c'est-à-dire sans femme au moment de leur voyage, en fait les réunit.

Minembwe est à quelques dizaines de kilomètres du Lac Tanganyika. À près de mille cinq cents kilomètres de Kinshasa, Congo.

Disparu le 24 novembre dernier, « l’ermite du Creusot » a eu le temps d’inaugurer un nouveau chapitre de la collection Quarto de Gallimard, destiné « aux voix contemporaines ». Restera-t-elle cette parole singulière, comme tous les auteurs toujours audibles bien après leur mort, le temps nous le dira. 17 textes du poète, dont un inédit de 1980, L’eau des miroirs, et en parallèle, une ultime parution, Le muguet rouge, symbole de cet indicible, cet essentiel.

Christine Brusson part du constat qu’il doit bien exister un rapport, une distinction et une similitude entre le fait d’écrire et les travaux de chantier.

Il est un secret partagé par trois milliards d’individus sur terre, un secret que j’aie le privilège de connaître, mais je ne peux en parler que du bout des lèvres.

Nous sommes en plein milieu de la fièvre romantique et les mystères du sommeil ont autant d'attraits que la poésie a de gloire

Ivan n’est pas un cosmonaute comme eux. Il n’est pas ingénieur. Il n’est pas pilote. Il est médecin.

Paru au mois d'avril 2007, le roman « Les semelles de bois » est passionnant. Lorris Murail arrive à nous rendre captivant un sujet – la Libération de Paris en 1944 – souvent connu des lecteurs au travers des quelques chapitres de leurs manuels d'Histoire.
Loin de certaines « légendes » sur la Libération où tous les Français étaient des résistants, l'auteur nous montre du doigt ce qui a été si souvent transformé avec le temps : les résistants de la dernière heure, les collabos qui, sentant le vent tourner, se mettent à crier « Vive de Gaulle ! » et les héros qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit…
Au milieu de l'Histoire, c'est la petite histoire qui démarre : celle de Clément, un adolescent qui essaye de survivre dans ce Paris occupé par « les boches » grâce à quelques petits trafics sans grande importance. C'est aussi l'histoire de sa rencontre avec Liberté, une belle jeune fille qui ne rêve que d'intégrer le « Parti » et du moment où les chars russes entreront dans Paris.
Faux-semblants et découvertes d'autres vérités sont les leitmotivs des cinq mois que dure l'action du roman, mais c'est aussi l'histoire d'un garçon amoureux qui ferait absolument tout et n'importe quoi, au mépris du danger, pour conquérir sa belle révolutionnaire.
Au moment de l'apprentissage de cette sinistre période, « Les semelles de bois » est un livre remarquable qui permet de voir d'une autre manière les faits des livres d'Histoire…

ESSAI – Pierre Soulages vient d’avoir cent ans. Né en 1919 à Rodez, ce peintre emblématique souvent considéré comme un maître de la peinture abstraite, habile inventeur du « noir-lumière » et de « l’outrenoir » a su traverser le temps en surplombant avec une distance volontaire les crises successives de l’art contemporain, et en imposant au monde un art pictural qui n’avait pourtant rien d’évident.

Bon, soyons lucides : c’est la mouise.

Sous ce beau titre, Christine Guinard révèle l’intention première de ce recueil : une lutte mot à mot contre la désagrégation, celle de la réalité, et surtout l’autre, beaucoup plus douloureuse, celle de la conscience. Renouer avec un Tout condamné à disparaître, trouver une voie propice à la renaissance et à l’amour à travers un dépouillement essentiel, voilà qui nous renvoie à l’une des ambitions premières de la littérature.

Tibo de Sarbacane m'avait prévenu : sa collection eXprim a beau être classée jeunesse, les livres n'en sont pas moins des uppercuts bien placés, avec leurs déchirements, leurs chagrins, une flamme qui les anime et les dresse. Et le roman d'Insa Sané se défend particulièrement bien dans cette catégorie. Les bouquins des auteurs de Tibo sont les Hernani modernes : des forces qui vont...

Devenu best-seller international avec plus de 500 000 exemplaires vendus dans le monde, ce livre atypique, entre guide nature et manuel technique, recueil encyclopédique, ouvrage d’art, parfois proche de l’étude sociologique et, par bien des égards d’une portée autant poétique que  philosophique, s’aborde avec curiosité et retient de manière assez inattendue, que l’on soit ou non épris  de bois  ou préposé à des activités sylvestres.

Il est des moments où l’être humain a besoin de faire une pause dans son existence, se mettre à l’écart de sa vie pour mieux la discerner, l’appréhender et pourquoi pas la modifier, lui faire prendre un nouveau chemin, la construire autrement, mieux sans doute. En vain.

NOTE DE LA REDACTION  /5

Paru chez Casterman en janvier dernier, Dans les bois d’Emily Carroll est un album à la fois sublime et effrayant regroupant sept histoires courtes, déjà récompensé en 2015 par deux Eisner Awards. Une bête sanglante tapie dans les bois, des disparitions soudaines, des plaintes sinistres en plein cœur de la nuit, l’auteur nous plonge dans un univers fait d’ombres et de ténèbres… 

je suis estomaquée, émue aux larmes, en un mot époustouflée par la puissance d’évocation