La joie et la douleur : dès le premier de ses huit romans, Georges Bernanos a mis en scène les modalités les plus radicales de la condition humaine. C'est ce qui a stupéfié les lecteurs de 1926, c'est ce qui stupéfait ceux d'aujourd'hui. Il est impossible de lire Sous le soleil de Satan sans voir immédiatement que l'écriture de ce livre enveloppé de ténèbres procéda à la fois d'une nécessité intime, d'une aventure intérieure et d'hallucinations familières sans trucages, sans tricheries et sans les artifices narratifs qu'une pratique soutenue du métier littéraire permet de maîtriser à la longue. Ouvrons ce roman comme si l'encre bleue du jeune écrivain de 1926 et ses calligraphies appliquées sur ses petits cahiers d'écolier n'avaient pas encore séché. Et laissons nous hanter par ce grondement sourd, ce lyrisme intérieur, cette extraordinaire puissance imaginative. On tient là mieux qu'un style : une voix. C'est évidemment cette voix qui stupéfia les premiers lecteurs de Sous le soleil de Satan.
Par
Sébastien Lapaque, Georges Bernanos Chez
Le Castor Astral
Commenter ce livre