Editeur
Pour Eduardo, toujours.
À mon père, Galicien dans tous les sens du terme.
À ma mère, et à leur amour,
contre le vœu de leur famille,
qui a renforcé ma fierté à l’égard des miens
et ma foi en l’amour invincible.
Voyez-vous, la plupart des gens pensent toujours à ce que penseront leurs voisins. Il n’y a que deux sortes de personnages qui se moquent absolument du qu’en-dira-t-on : ce sont les vagabonds et les grands seigneurs. Je ne parle pas des richards ordinaires, mais des vrais aristocrates, de ceux qui sont habitués depuis des siècles à penser qu’aucune opinion ne compte, sauf la leur.
Agatha Christie, Le Secret de Chimneys1
Traduction de Juliette Pary, éditions du Masque.
Personne, dans la maison, n’est hors de soupçon.
Agatha Christie, La Maison biscornue2
Traduction de Janine Lévy, éditions du Masque.
* * *
Michael Corleone avait pris ses précautions contre toute éventualité. Plan impeccable. Mesures de sécurité parfaites. Homme patient, il espérait consacrer une année entière à ses préparatifs, mais le destin se dressa contre lui et raccourcit ce délai de la manière la plus surprenante. C’est le Patriarche, le grand Don en personne, qui fit faux bond à Michael.
Mario Puzo, Le Parrain1
À tes côtés ils vivront et te parleront, comme quand tu es avec moi.
Isolina Carrillo, Dos Gardenias
Traduction de Jean Perrier, éditions Robert Laffont.
* * *
Bouées de sauvetage
Des coups impérieux à la porte. Il en compta huit, assurés, rapides, qui appelaient une réponse immédiate. Impossibles à confondre avec ceux d’un visiteur, d’un ouvrier ou d’un livreur. Plus tard, il songerait qu’en fin de compte, c’est ainsi qu’on s’imagine que la police frappe.
Durant quelques secondes, il observa, pensif, le curseur qui clignotait à la fin de la dernière phrase. La matinée lui réussissait bien, mieux que les trois dernières semaines, parce que, même s’il répugnait à l’admettre, il écrivait plus facilement quand il était seul à la maison, qu’il travaillait à son rythme, libéré des petites interruptions routinières que sont le déjeuner et le dîner, et se laissait simplement porter. Dans cette phase d’écriture, c’était toujours la même chose. Soleil de Thèbes serait terminé dans quelques semaines, peut-être même plus tôt si tout allait bien, et jusqu’à cet ultime instant, cette histoire serait toute sa vie, son unique obsession, le seul objet de ses pensées, qui l’occuperait jour et nuit. À chaque nouveau roman, il connaissait cette sensation à la fois vitale et dévastatrice, comme un sacrifice qu’il désirait et redoutait à la fois. Une expérience intime qui, il en était conscient, ne faisait pas de lui la plus agréable des compagnies. Il leva les yeux pour jeter un bref regard au couloir qui séparait le salon – où il écrivait – de la porte d’entrée, puis revint au curseur qui semblait palpiter sous le poids des mots qui restaient à écrire. Un silence trompeur envahit la pièce, créant un instant l’illusion que l’importun avait renoncé. Mais ce n’était pas le cas ; sa présence, son énergie autoritaire et tranquille étaient perceptibles de l’autre côté de la porte. Il concentra à nouveau son attention sur le curseur et approcha ses mains du clavier, décidé à terminer la phrase. L’espace de quelques secondes, il envisagea même la possibilité d’ignorer les coups qui retentissaient à nouveau, insistants, dans la petite entrée.
Paru le 15/11/2018
1104 pages
Lizzie
25,40 €
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