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Extrait de « La vieille amante » :
D
Rives du Jourdain : péninsule éclatante du jour ;
Barque de pêcheurs. Je m’incline, je m’enivre
De l’eau de la paix
Aux flancs des rives
La courbe étroite s’offre
A l’ombre qui revient
Nous simulons le bonheur
Nous affectons des poses
Le corps est seul et le cœur
Longue belle journée
J’ai marché jusqu’au soir
Quand soudain qui ?
la vague animale prolifère
Et s’élève vers le ciel
Depuis la terre entière
La feuille, elle,
Ne craint pas de blesser l’air
Qu’elle est en train de trouer
Rien ne presse
Les feuilles et la pluie tiède
Rachètent le jardin de l’enfance
On ne voit plus les mains
Qui embellissent les heures
Ni les plis du terrain
La seconde s’enfonce
Dans un temps non conforme
Où navigue fermement la sagesse
J’entends
Rôder dans les jardins
La bête à peine apprivoisée
Les hommes lui bricolent
Un visage présentable
Avec la chimie des voyelles
Qui me cherche ? Qui nous cherche ?
Un cœur ou deux ou non
J’ignore qui nous serons
Vérités faux départs
Tout est envisageable
Inaliénable depuis la nuit des temps
L’oiseau tombe
Et remonte
Entre feuille et soleil
Depuis qu’un vent
M’a fait tourner la tête
Je navigue avec tous les cieux
Didier Cahen, Contes d’avant l’heure, Tarabuste, 2021, 89 p., 12€, pp. 24-28
Paru le 01/10/2021
88 pages
Tarabuste
12,00 €
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