Alfred Agostinelli, le grand amour de Proust, était obèse au moment de leur rencontre. Comment se fait-il que cette obésité soit restée invisible jusqu'à l'heure actuelle ? Parce qu'il faut du temps - et pas seulement une image - pour voir quelque chose, si bien qu'on ne cessera jamais de réécrire la biographie de Marcel Proust. Il y a longtemps également que l'on dispose d'une lettre où le futur auteur de la Recherche déclarait qu'il ne voulait être "ni avocat, ni médecin, ni prêtre". Il venait d'avoir vingt-deux ans. Avocat ou médecin, c'est ce à quoi songeaient ses parents. Prêtre, c'était son idée à lui, bien entendu. Et, s'il renonça à entrer dans l'Eglise, il ne cessa jamais, pour autant, d'être religieux. "La préoccupation religieuse n'est jamais absente un jour de ma vie", affirmera-t-il dans son âge mûr. Mais ce religieux en Proust, ce religieux relégué dans l'oubli comme un objet obscène, qui est-il ? Et en quoi consiste exactement sa religion ? Proust n'est jamais là où on l'attend, aussi bien en ce qui concerne son mysticisme que son érotisme. Il reste perpétuellement à redécouvrir.
Commenter ce livre