Une naissance quasi clandestine, une enfance auprès d'une mère distante et hostile, dénuée de la moindre tendresse envers sa fille, Clémence a toutes les raisons de se révolter. Dans ce gros bourg des Ardennes, pas très éloigné du hameau de Roche, où la mère de Rimbaud possédait une ferme, sa vie s'écoule, monotone et solitaire. Tout bascule le jour où une équipe de cinéma dirigée par un jeune réalisateur s'y installe pour tourner les extérieurs de L'Arpenteur de rêves. Ce dernier évoque la jeunesse de Rimbaud à Charleville et ses amours tumultueuses avec Verlaine. Pour Clémence, serveuse au Bar de l'Ecluse, commence alors un road-movie poétique et amoureux qui va l'emmener d'Attigny à Paris en passant par Bruxelles et Namur. On n'est pas sérieuse quand on a dix-sept ans, pour reprendre ce vers de Rimbaud au féminin. Un matin, elle se lèverait, rassemblerait tout son fourbi dans une valise, y compris sa trousse de maquillage qui avait rendu sa mère furieuse, et salut la compagnie ! Elle s'évaderait grâce à l'autocar de 8 h 43 qui la mènerait en ville et, à partir de là, le grand large. Elle en avait sa claque des baies d'églantier, des cavalcades de saules le long du moindre ruisseau, des champs qui s'étendaient à perte de vue, du canal gris et sombre qu'écrasait un ciel de plomb.
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