Grand reporter, romancier adulé, Joseph Kessel, Jef pour ses amis, collectionnait les aventures, comme s'il était incapable de rompre avec les femmes aimées. Germaine Sablon fut l'une d'elles et, peut-être, celle qui l'a le plus inspiré. Soeur du crooner Jean Sablon, Germaine est déjà une vedette du music-hall quand elle croise l'écrivain dans un cabaret de Pigalle en 1935. Le coup de foudre est immédiat. Leur relation, qui durera presque dix ans, débute dans le Paris de l'entre-deux guerres, sur fond de jazz, de vodka et d'opium. A l'épreuve de la guerre, l'idylle prend un nouveau tour. Refusant la débâcle, la jeune femme s'engage la première dans la Résistance, avant d'y introduire Kessel. En zone libre, le couple aide réfugiés et combattants de l'" armée des ombres ", jusqu'à être à son tour contraint de fuir la France occupée. Tous deux, dans un périple éprouvant, rejoignent le Portugal, puis Londres et le général de Gaulle. Mêlant passion amoureuse et grande Histoire, Dominique Missika, avec le talent qu'on lui connaît, fait revivre ces amants magnifiques dont la complicité a donné naissance au Chant des partisans, l'hymne de la Résistance française écrit par Kessel et son neveu Maurice Druon en 1943. Germaine Sablon, dont Cocteau disait " c'est un coeur qui chante ", fut la première à l'enregistrer. Dominique Missika est historienne. Elle a publié plusieurs ouvrages sur la France pendant l'Occupation, dont L'Institutrice d'Izieu (Seuil, 2014) et Les Inséparables, Simone Veil et ses soeurs (Seuil, 2018).
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