James Frank, initiateur et bénéficiaire (1843 - 1915)
Les frères James furent, dans leur domaine, d’audacieux novateurs. Soldats perdus de la guerre de sécession, ils inventèrent l’attaque des banques en temps de paix, le massacre indifférencié de tous les gêneurs (caissiers, clients ou vigiles) et la revendication publicitaire de leurs méfaits. Le peuple des états enfin unis d’Amérique, sensible comme aucun à la démocratie et aux articles de la presse à grand tirage, ne tarda pas à s’enflammer pour leurs exploits. Pour rendre ceux-ci plus certains, les James adoptèrent, en plus des revolvers et des chevaux rapides, une organisation qui de Romulus et Remus (fondateurs de Rome) à Wilbur et Orville Wright (concepteurs du premier aéroplane) avait fait ses preuves : celle qui consiste à être frère l’un de l’autre. Non contents de la garder pour eux, ils l’imposèrent aussi à leurs complices : les frères Young et les frères Ford, qui finirent par les trahir.
Frank, l’aîné, avait été le premier à mettre le doigt à la gâchette, lors de la bataille de Wilson’s Creek puis dans la bande de William Quantrill. Il avait bientôt été rejoint et surpassé par James autour duquel s’était formé un nouveau gang. Pendant quinze ans, le plus âgé avait obéi au plus jeune, le laissant diriger, d’un mauvais coup à l’autre, l’existence imprégnée de jouissance, de cruauté et de vantardise dont il n’avait fait qu’esquisser les principes. Le petit forcément avait fini par y laisser la peau. C’est alors que Franck avait repris la main.
Il avait d’abord obtenu, contre tous les principes du droit, qu’on l’acquittât. Il avait ensuite exercé différentes professions : vendeur de chaussures, concierge de théâtre, garde du corps de Théodore Roosevelt, préposé aux paris sur un champ de courses. Alors, il avait pu effectuer son grand retour dans le banditisme. Il s’était engagé dans une parade à la Buffalo Bill qui donnait de ville en ville un spectacle de fausses cavalcades et de coups de feu pour rire. Et quand les foires n’avaient plus payé (le public se lasse de tout), c’est en faisant visiter l’ancien repaire de la bande qu’il avait réussi à trouver de quoi vivre.
DOSSIER - Auteurs sans éditeurs, éditeurs sans auteurs ? Un podcast en 4 épisodes
Retrouver tous les articles sur Frères Soeurs par Michéa JacobiParu le 09/09/2022
142 pages
Editions La Bibliothèque
15,00 €
Commenter ce livre