Ecrire sur Pouchkine a été une façon de retraverser ma vie, de revenir sur les lieux de mon enfance, vers celles et ceux qui m'ont fait connaître sa poésie. Une façon aussi de poursuivre autrement mon travail de traduction proprement dit dés lors que je pouvais tisser des liens, évoquer des affinités, des généalogies, des entretiens permanents qui sont, me semble-t-il, au fondement de la culture russe. J'ai commencé à traduire en traduisant Pouchkine et, finalement, de cercle en cercle, ce que j'essaie de traduire dans la littérature russe est non seulement son oeuvre elle-même, mais aussi celle des écrivains de sa génération, ses amis, ses compagnons. Pouchkine est le plus connu des auteurs russes parce que toute personne dont le russe est la langue maternelle le connaît et, d'une façon ou d'une autre, apprend à lire en le lisant. Il appartient au fonds commun de tous les Russes, il est, si je puis dire, le lieu commun de la Russie. Il est à l'origine de la littérature russe moderne et de tous les débats philosophiques et politiques qui ont traversé son histoire et la nourrissent encore. Sa présence est vivante, évidente, toujours nouvelle, toujours à la fois et globale et intime.
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