J'ai trop écrit, au fil des années, sous la pression de l'événement, de l'émotion, de la nécessité, pour n'avoir pas furtivement exprimé, ici ou là, ce que je crois. Mais ce ne fut jamais délibéré, au contraire. Outre l'inévitable impudeur du "Je", il est incompatible avec ce que je crois être le bon journalisme où il convient de s'effacer autant qu'il est possible derrière son sujet. Engagée, pendant près d'un demi-siècle, dans des activités quasiment frénétiques laissant peu de place à la réflexion intemporelle, sollicitée fortement par le quotidien, l'idée ne me serait pas venue de me contraindre à formuler "ce que je crois" si l'éditeur ne m'avait demandé d'ajouter un titre à cette collection. C'est toujours une épreuve d'écrire, hors du lyrisme qui gonfle seul la voile des mots et qui n'est pas dans mes cordes plus que l'effusion. C'est une épreuve d'un genre particulier de s'obliger à mettre noir sur blanc ce qui s'accommode mieux du flou, du vague, de l'informulé. Et puis, quand on décolle des faits, on tombe si facilement dans ce jargon que l'on baptise spiritualité... J'ai mis vingt ans à savoir que le ciel, pour moi, était vide et qu'aucun secours ne me viendrait de là. Ni d'ailleurs, mais ce fut un peu plus long. F. G.
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