" Dès la première entrevue, Madame Flora voulut que je nomme les ennemis que j'avais pu me faire. Or j'avais beau ne pas croire qu'un sorcier ait pu poser des charmes susceptibles de me rendre malade, j'avais beau ne pas croire que nommer soit tuer, je fus dans une totale impossibilité de lui livrer aucun nom. Chaque fois qu'elle me pressa de le faire, en frappant la table de ses cannes, j'eus l'esprit aussi vide qu'un analysant sommé de faire des associations libres [...] L'anthropologue, devenue aussi psychanalyste, rapporte ici la suite de ses travaux sur la sorcellerie dans le Bocage de l'Ouest français. Elle s'est laissé impliquer dans les processus qu'elle étudiait. Certains ont vu en elle une désorceleuse, d'autres une ensorcelée - en même temps qu'elle instituait l'anthropologie "symétrique", dont elle fut une pionnière, qui met sur le même pied les deux partenaires de l'interlocution ethnographique. Le présent livre est donc un retour sur les matériaux relatifs au désorcèlement, et pose la question de savoir comment le fait d'" être affecté(e) " permet de construire un discours rigoureux, ici sur la sorcellerie.
Par
Jeanne Favret-Saada Chez
Editions de l'Olivier
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