Dernier roman de James Crumley, Les serpents de la frontière met en scène la rencontre des deux privés, Milo et Sughrue.
Milo demande à Sughrue de rentrer en possession de son fabuleux héritage fauché par le banquier qui en avait la gestion, et Sughrue accepte à condition que Milo l'aide à démasquer la bande de Mexicains qui a mis un contrat sur sa tête... Il est aussi difficile de résumer un roman de Crumley qu'une œuvre de Chandler. Les deux héros vont parcourir les Etats-Unis du nord au sud (du Montana au Sud-Texas) en abusant de tout et en portant sur les années 90 un regard imbibé et désabusé. Les héros de Crumley ont vieilli, mais ce n'est pas vraiment ça qui les gêne car ils sont toujours aussi juvénilement dingues qu'au premier jour ; ce qui les ennuie vraiment, c'est que leur monde vieillisse. A la liberté des années 70 a succédé la grisaille des années 80 et 90, où le fric est roi et l'hypocrisie Premier ministre. Alors, ils se conduisent comme si rien n'avait changé, comme s'ils étaient les seuls électrons libres dans un univers en veilleuse.
L'écriture acrobatique de Crumley est au rendez-vous de ce livre résolument " politically-incorrect " qui continue à brandir des idées jeunes dans un monde trop pourri pour les entendre.
Le plus étonnant, quand on regarde l'œuvre de Crumley, c'est qu'on dirait bien que ses romans de la maturité sont derrière lui et que, à l'approche de la soixantaine, son inspiration le pousse vers encore plus de frénésie, encore plus de jeunesse.
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