Conçu au retour d'un voyage en Italie, composée à l'orée du siècle de la Réforme, à une époque où l'exercice décadent des pouvoirs catholiques s'affiche de manière éhontée, cette déclamatio humoristique d'Erasme, écrite en Angleterre, chez son ami Thomas More, met en scène un personnage, la Déesse de la Folie, qui se livre à une sévère critique des comportements sociaux, essentiellement ceux du clergé, aussi bien moines que haut clergé en passant par les théologiens, sans oublier le peuple des courtisans. Satire magistrale, l'Eloge de la folie démontre à quel point l'humour peut atteindre une dimension politique majeure, combattant à cette occasion, dira Stefan Zweig : le fanatisme aux horizons étroit qui paraît à Erasme n'être qu'un regrettable emprisonnement de l'intelligence, une des formes innombrables de la "stultitia"() dont il classe et caricature si plaisamment les mille types et variétés. Eloge de la folie enjambe les siècles et vient toquer aujourd'hui aux portes des pouvoirs contemporains, pour en tancer l'universelle tartufferie. stupidité
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