#Essais

Black Bird

James Keene, Hillel Levin, Fabrice Pointeau

Infiltré auprès d'un tueur en série : quand la réalité dépasse toutes les fictions ! James Keene avait tout pour réussir. Fils d'une famille influente de la banlieue de Chicago, star de l'équipe de football, fêtard invétéré aux revenus confortables, sa trajectoire semble auréolée de succès. Mais en 1996, ce joli mensonge s'écroule : James est jugé pour trafic de drogue et condamné à dix ans de prison. Le FBI lui propose alors un deal complètement fou : sa peine sera annulée s'il aide les fédéraux à piéger un serial killer, Larry Hall. Soupçonné d'une vingtaine d'assassinats, le tueur a été inculpé pour un seul d'entre eux lors d'un procès qui risque fort d'être révisé en appel. Et son intelligence est redoutable. La mission de James ? Amener Larry Hall à se confesser pour le faire tomber, définitivement. Keene hésite, puis accepte de relever le défi. Quelques jours plus tard, il est transféré dans l'unité psychiatrique de la prison de haute sécurité dévolue aux criminels les plus dangereux, où Hall est détenu. Seuls le directeur et le psychiatre en chef sont au courant de sa mission. Là, au milieu des psychopathes, il va devoir gagner la confiance du plus inquiétant d'entre eux pour lui faire avouer où il a caché le corps de ses victimes. Cet incroyable scénario n'a rien d'une fiction. Avec un sens de l'intrigue et du suspense digne des plus grands romanciers, le journaliste Hillel Levin, en collaboration avec James Keene, nous livre un document incroyable, qui va ravir tous les amateurs de true crime... et dont on n'a pas fini d'entendre parler, puisque l'adaptation en série, portée par le grand Dennis Lehane, est déjà disponible sur Apple TV+ avec Ray Liotta (Les Affranchis) et Taron Egerton (Kingsman) dans les rôles principaux.

Par James Keene, Hillel Levin, Fabrice Pointeau
Chez Sonatine

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Sonatine

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À tous les enfants qui décrivent le monde

dans la marge de leurs cahiers…

 

 

PREMIÈRE PARTIE

 

È pericoloso sporgersi.

Trois mots dans une langue étrangère pour résumer ces derniers mois. Une mise en garde dont elle n’avait pas tenu compte.

Le paysage qui défilait à l’envers lui donnait mal au cœur sans pour autant lui apporter la consolation d’un possible retour en arrière. Au contraire, bercée par le martèlement lancinant des roues sur les rails, elle voyait son enfance s’éloigner irrémédiablement.

Malgré le bruit, elle se surprit à retenir sa respiration. Elle craignait qu’un soupir importun ne vînt perturber la lecture de la femme assise en face d’elle, entraînant le redressement du chignon et le jugement sans appel d’un regard courroucé.

Elle ferma les yeux.

 

 

1


Septembre 1956

 


* * *

 

 

Paris, le 21 septembre

Chère Lizzie,

Je me confonds en excuses pour ce mois de silence.

Je sais la promesse que j’avais faite de t’écrire sitôt mon installation à Paris, mais je n’avais pas soupçonné à quel point ce déracinement se révélerait difficile.

Rien ne m’avait préparée à cela, ni mon désir d’émancipation ni la joie de quitter la province, fût-ce à la suite des événements que tu connais. Pas même ma répugnance à l’idée d’entamer une nouvelle année dans la cour du lycée Sainte-Geneviève, sous la vigilance méprisante de certaines sœurs dont je préfère taire les noms.

Lorsque j’ai débarqué le 19 août sur le quai de la gare, ma tante et ma cousine guettaient mon arrivée. J’ai lu dans leurs regards le portrait peu flatteur qu’on avait esquissé de ma personne. Je m’y attendais.

Je venais de parcourir six cents kilomètres en m’imaginant suivre un rite initiatique à la manière des héroïnes des romans de Jane Austen, que je vénère au point de t’avoir affublée de ce diminutif qui t’amuse depuis trois ans.

Mais, comme tu es ma meilleure amie (et la seule désormais), tu connais les remords qui ont pu me poursuivre lors de ce voyage. À peine descendue du train, j’ai été escortée (ce terme est choisi, car j’avais l’impression d’être une mauvaise fille que l’on mène à sa cellule) jusqu’au métro, pour y découvrir un monde que je ne soupçonnais pas.

Les scènes que nous avons parfois commentées dans nos rêves de la capitale n’ont rien à voir avec le tableau auquel j’ai été confrontée ce jour-là. On oublie que les films que nous voyons au cinéma ont connu des arrangements, sur le plan tant des images que du son, qui trahissent la réalité. Je t’avoue qu’à cet instant, au cœur de ce souterrain, tout n’était que bruit, fureur et précipitation. Mes sens n’avaient jamais été violentés de la sorte.

Mes yeux discernaient plus de silhouettes que je n’en avais aperçues les jours de fête votive sur la place du marché de Cesnas. Mes oreilles percevaient dix conversations à la minute dont certaines ponctuées de cris, d’insultes ou de rires sans que personne autour de nous y prêtât la moindre attention. Enfin, je tairai ce que me rapportait mon nez, car je sais que tu en serais incommodée, même là où tu te trouves.

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Black Bird

James Keene, Hillel Levin trad. Fabrice Pointeau

Paru le 13/10/2022

284 pages

Sonatine

21,00 €