Andrew Roberts est désormais bien connu du public francophone grâce au succès de son Churchill paru en 2020 chez Perrin. Dans ce nouvel ouvrage très attendu, il rompt en visière avec ceux qui affirment qu'Hitler et Churchill se ressemblaient en bien des points. Leur expérience des tranchées au cours de la Grande Guerre, leur patriotisme exacerbé, la fierté qu'ils tiraient du glorieux passé de leur pays, leur capacité à mener les hommes, le pouvoir psychologique qu'ils exerçaient sur les foules, leur art oratoire et, par-dessus tout, leur charisme : tout cela ferait presque d'eux des " frères ennemis ". La biographie croisée de ces deux rivaux emblématiques — l'abstème végétarien antitabac et l'hédoniste amateur de Pol Roger et de cigares — montre magnifiquement le caractère fallacieux de ces points communs supposés. Elle martèle que, sur le plan idéologique, tout opposait le champion de la démocratie et l'idéologue fanatique du nazisme. Sur celui de la pratique du pouvoir, elle prouve que Churchill et Hitler ne partageaient rien : le premier a toujours su déléguer la décision militaire à ses chefs d'état-major en se rendant à leurs arguments, tandis que le second a cessé d'écouter ses généraux dès les premiers revers sur le front soviétique à la fin de 1941, avant de leur retirer définitivement sa confiance après l'attentat de juillet 1944. Pour Andrew Roberts, un grand meneur d'hommes pratique la confiance à double sens, et ce fut là, soutient-il avec conviction, ce qui fit la force de Churchill, chef de guerre de 1940 à 1945. Une démonstration brillante portée par une écriture inspirée.
Par
Andrew Roberts, Antoine Capet Chez
Librairie Académique Perrin
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