" Elle trouve refuge dans une petite grotte érigée au fil des décennies avec des mots, des images et des chansons, l'art, un bien grand mot, la beauté des choses qui la bouleverse lui sert de kaléidoscope pour observer les jours et les gens. Ainsi le quotidien paraît moins féroce aux yeux de cette sentimentale désenchantée. " Anna, la narratrice de ce roman aux allures de Mrs Dalloway contemporain, est éditrice sous les ordres d'une dictatrice aux lèvres rouges, se débrouille comme elle peut avec la vie, c'est-à-dire plutôt mal. Elle résiste. Elle endigue. Elle encaisse. Elle se souvient, surtout. Coincée entre une mère libre mais atteinte d'une forme de joyeuse démence, des filles woke et/ou végétariennes, un mari au sourire fuyant et à la tenue fluo, un cordon sanitaire d'amies qui sonnent le tocsin des SMS et des apéros SOS " burn out ", un oeil sur les " Mamanours " mères de famille vibrant sur leur fil What'sApp, Anna pourrait crier, comme on joue, comme on pleure, "Arrêtez tout ! ", mais ça ne marche qu'au cinéma. Comment font les gens ? Pourquoi ne remarquent-ils pas les " pigeons dégueulasses aux ventres de pamplemousse " ou la mélancolie fêlée d'une voisine de comptoir ?
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