"Du Lais au Testament, la frénésie délirante du langage, qui détruit la nature humaine et traduit la perversité du monde, enferme davantage Villon dans sa détresse, rejeté de la société, acceptant sa différence, s'enfonçant plus loin dans le cauchemar. Jongleur, le rire qu'il dispense menace à tout moment de s'étouffer dans un sanglot. Du Lais au Testament, nous assistons à la chute d'un être qui perd son identité, qui se replie sur lui-même et dont l'imaginaire prend le pas sur les autres formes d'expression. Le carnaval dans lequel se meuvent ces êtres grotesques et ces figures grimaçantes est pour Villon le seul moyen non pas de cacher son désespoir, mais de l'exprimer. C'est pas lui que le poète assume la dégradation de son être. En bouleversant et recréant le monde concret, Villon en révèle la vraie nature, la cruauté et l'étrangeté, et lui-même se dissout dans le tumulte du monde qu'il a créé".
Commenter ce livre