" Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe "Néant". Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. " Adolphe Marlaud habite un appartement avec vue sur le cimetière qui domine la rue Froidevaux, une de ces rues où " on meurt lentement, à petit feu, à petits pas, de chagrin et d'ennui. " N'ayant réussi à n'être ni fantôme, ni homme invisible, en exil, cet étrange voyageur d'hiver s'est fixé une ligne de conduite : " vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. " C'est sans compter sur Madame C., sa concierge, qui guette amoureusement son passage du haut de ses deux mètres pour le contraindre à des actes qu'une quatrième de couverture doit taire. Jean-Pierre Martinet, l'auteur de cette longue nouvelle parue en 1979 dans " Subjectif ", est mort en 1993 : il a marqué les lecteurs, trop rares, qui ont croisé son œuvre. En attendant de redécouvrir ses textes les plus denses, cette " Grande vie " signalera aux intrépides son talent halluciné et les noirs excès de son humour désespéré.
Par
Jean-Pierre Martinet, Eric Dussert Chez
L'Arbre Vengeur
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