Le poète Denis Emorine fait l'épopée du réel. Un réel à peine peint, presque d'impressionniste, mais profond, parfois caverneux, comme les abîmes du moi. Dans ce livre au titre sublime – Mots déserts. Suite russe. Poèmes, on dirait le titre d'une symphonie –, la poésie se fait expérience totale. Le poète vit et a vécu. Toute l'histoire s'accumule en lui. Une histoire de drames, de douleurs, de tragédies, et aussi d'amours, de regards, de pensées positives, via la " jeune femme brune aux yeux bleus ", mère exemplaire qui connaît les ravins du temps. " Le petit garçon " – le poète – narre d'une voix douce et forte les cordes de ce qui a été et de ce qui est, et même de ce qui sera, dans " le grand pays glacé " et en d'autres pays de souffrance. Dans cette " suite russe ", l'émotion poétique n'est pas un dit, ni de l'air tonifiant. C'est le vécu vrai, l'existence en angoisse, le sens des jours qui vont, malgré tout. " J'inventerai une langue / à la syntaxe irisée ", annonce Denis. Il tient sa parole, en produisant une langue entre dialogue et réflexion, brève et profonde, qui lance des flashs de mémoire comme un peintre des ombres et de la lumière à la Cara-vaggio. (Extrait de la préface de Giovanni Dotoli)
Commenter ce livre