#Polar

Le collectionneur

Fiona Cummins

Le Collectionneur mène une double vie. Monsieur Tout-le-monde dans l'une, il est, dans l'autre, le gardien d'un musée secret qu'ont constitué son père et son grand-père avant lui, une collection d'ossements humains. Les collectionneurs cherchent toujours la rareté, l'objet unique. Et il y a à Londres deux enfants atteints d'une maladie génétique orpheline qui fait se dédoubler les cartilages puis pousser les os jusqu'à l'étouffement, la maladie de l'homme de pierre. Avec un style-cutter aussi efficace que glaçant, Fiona Cummins plonge dans l'âme du psychopathe. Les Anglais ont adoré.

Par Fiona Cummins
Chez Slatkine et Cie

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Genre

Policiers

Pour JJ, qui a cru

 

 

Note de l’auteur

Maladie de l’homme de pierre (fibrodysplasie ossifiante progressive) : maladie rare et paralysante provoquant chez les personnes atteintes l’apparition d’un second squelette qui les enferme littéralement à l’intérieur d’une prison d’os. Seuls les yeux, la langue, le diaphragme et le cœur sont épargnés. Il n’existe actuellement aucun traitement.

Tommy Rawhead : personnage de croque-mitaine, généralement représenté avec une tête de mort ou bien dépouillé de sa peau, invoqué pour faire peur aux enfants. Parfois également appelé Bloody Bones, le squelette sanglant.

Oxford English Dictionary

 

 

Prologue

Quand la nuit est calme, quand un croissant de lune hivernal vient se fondre dans le courant de la rivière Quaggy, les morts le réclament.

Il penche la tête sur le côté et, dans l’obscurité qui murmure, il perçoit les faibles sanglots de l’enfant.

Les marmonnements de détresse du garçon l’attirent d’un bout à l’autre de la ville et il lutte contre l’envie de partir à l’instant. Même l’usure du temps ne peut étouffer les frissons qui enflent en lui tandis qu’il contemple l’œuvre de toute une vie.

À chaque génération, sa propre collection. Son père, le père de son père, et les hommes qui les ont précédés.

Mais à présent, c’est son heure, son privilège, son devoir.

Il savoure la manière dont la lune se glisse entre les lames des stores de la maison de son père et inonde les os de sa lumière.

Des rubans et des feuilles de matière ossifiée. Des stalagmites, des ponts. Des planches tordues et des nodosités osseuses. Une plaque gravée de la lettre C.

Dans la maison, les ombres s’intensifient. Seul dans le vestibule, il se délecte de la splendeur du squelette dans sa vitrine, subjugué par ses déformations, l’intrusion des os dans la cage thoracique, les ornements calcifiés sur la colonne vertébrale.

Un jeune garçon enfermé dans une prison de pierre.

Pendant des années, il a traqué ce spécimen, le plus rare, parmi les morts et les vivants. Sans jamais cesser de chercher, ni d’espérer.

Et aujourd’hui, après tout ce temps, il en a découvert un autre.

 

 

Vendredi

 

1

15h21

Si Erdman Frith avait choisi la pizza plutôt que le rosbif, son fils aurait peut-être été épargné.

Si Jakey Frith avait été un garçon un peu plus ordinaire, le croque-mitaine qui rôde dans l’obscurité de son existence serait resté un simple souvenir d’enfance, que l’on ressort pour rigoler lors des réunions de famille.

Si les parents de Clara Foyle avaient été un peu moins égocentriques et un peu plus attentifs à leur fille de cinq ans, peut-être n’aurait-elle jamais disparu.

Quant à l’inspectrice Etta Fitzroy, si elle n’avait pas été hantée par ce qui aurait pu être, par ce qu’elle aurait pu être, ces deux enfants auraient quitté la lumière éclatante des gros titres de la presse pour dégringoler dans les sombres profondeurs de l’infamie.

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trad. Jean Esch
18/10/2018 508 pages 20,90 €
Scannez le code barre 9782889440429
9782889440429
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