Timothy Garton Ash n'a pas cessé de naviguer depuis dix ans entre Prague et Berlin, Budapest et Varsovie, comme journaliste et comme historien. Ce qui fait l'intérêt et l'originalité de La chaudière est un mélange peut-être unique de "choses vues", d'histoire comparative et d'un art tout personnel du récit. On passe ainsi d'une suite d'instantanés de l'Allemagne derrière le Mur ou de la visite du pape en Pologne à une longue réflexion sur le retour de la "question allemande", d'un meeting électoral de Solidarnosc à l'effet Shoah, de conversations intimes avec Vaculik, Vaclav Havel, Gyögy Konrad, Adam Michnik et autres, au temps où ils n'étaient que des dissidents inconnus, à une analyse historique de la notion même d'"Europe centrale" et de Mitteleuropa. Ce livre n'est pas seulement indispensable à qui veut comprendre les racines de 1989, "l'année de vérité", dont nul ne sait sur quoi elle va déboucher. Il permet aussi de mesurer rétrospectivement tout ce qui, dans cette Europe de l'Est des années 80, n'allait pas dans le sens de la fin du coommunisme, et se demande pour finir si les qualités, forces et vertus qui ont permis à ces peuples de s'accommoder des conditions que leur imposait l'adversité politique survivront à leur libération, sous quelles formes et pour quoi faire ?
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