#Roman étranger

Terres promises

Milena Agus

La terre promise. Chacun des personnages de ce roman la cherche. Pour Raffaele, juste après la guerre, elle se situe sur le Continent. D'abord à Gênes, où va le suivre Ester sa jeune épouse sarde, puis à Milan. Mais bientôt, alors que leur fille Felicita a enfin réussi à se faire des amies, c'est Ester qui a le mal du pays. Elle qui voulait tant fuir son village, le voit, avec la distance, comme un eldorado. Alors la famille y retourne. Pas forcément pour le meilleur... Felicita s'adapte, s'initie au communisme et tombe

Par Milena Agus
Chez Liana Levi

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Editeur

Liana Levi

Genre

Littérature Italienne

81

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Une troupe de croisés partis vers le milieu du XIIe du comté d’Avignon vers Jérusalem, afin de la délivrer des infidèles… et retrouver la paix de l’âme. En chemin… ils affrontèrent bien des épreuves, la maladie, la discorde, la faim, de sanglants combats avec des brigands et autres bandes armées qui se rendaient également à Jérusalem… Mais ils n’avaient en tête que Jérusalem la merveilleuse, une cité qui n’était pas de ce monde, qui ignorait le mal et les souffrances… Démoralisés, en proie à la désillusion, la lassitude, l’indécision… ils poursuivirent leur route vers l’Orient, vers la Ville sainte, piétinant dans la boue, la poussière et la neige… Un soir d’été, ils parvinrent au cœur d’une petite vallée, une oasis divine… Après délibération, les croisés décidèrent de nommer cette vallée bénie Jérusalem et d’y achever leur épuisant périple.

Amos Oz, Judas

 

 

Première partie

Le Continent

 

1

 

Ester arriva hors d’haleine et en même temps que le train. Mais elle ne s’approcha pas du groupe car au lieu de Raffaele, son fiancé, ce fut un homme bouffi, presque chauve et vêtu d’une grotesque salopette verte qui descendit du wagon.

Raffaele était pauvre. Son père avait été ouvrier agricole et, enfant, il travaillait à ses côtés, avec un petit bonnet de laine sur la tête l’hiver, et l’été, un mouchoir mouillé, noué aux quatre coins. Engagé volontaire, il était parti à la guerre parce qu’il était fasciste, disait-on au village. En réalité, il avait tout simplement lu et relu les romans de Salgari, de Melville, de London et de Conrad, et il avait rejoint la Marine pour voir la mer. Ou bien, parce qu’il ne voulait pas rester toute sa vie ouvrier, berger, ou paysan.

Il avait dit à sa mère qu’il ne rentrait au village que pour la saluer, après quoi, il remettrait son uniforme de marin et repartirait.

Sa mère s’était retrouvée veuve très tôt. Dans leur rue, elle était la seule à savoir lire et écrire, et pour une lettre, on la payait d’un œuf. Elle le donnait à son fils cadet, de santé fragile, et Raffaele, son robuste aîné, n’avait presque jamais rien à manger. C’est aussi pour cela qu’il était parti à la guerre, pas parce qu’il était fasciste.

Du malheur universel de la guerre, il avait connu le pire. Il était à bord du Trieste en avril 1943, dans la rade de Mezzo Schifo, à Palau, quand le croiseur fut coulé par la troisième escadrille de B17 de l’US Air Force, et il en avait réchappé en s’accrochant pendant des heures à un morceau de bois. Après le 8 septembre 1943, les Allemands l’avaient fait prisonnier au large de Marseille alors qu’il se trouvait à bord du Jean de Vienne, que le gouvernement de Vichy avait refourgué à la Marine italienne en 1942. Ils lui avaient demandé, comme à tous les prisonniers italiens, de combattre pour Hitler, sinon c’était le camp. Sans hésiter, Raffaele avait choisi le camp. Emprisonné à Hinzert, il avait été libéré par les Américains.

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trad. Marianne Faurobert
15/02/2022 192 pages 10,00 €
Scannez le code barre 9791034905355
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