De Lili Boulanger, on sait qu'elle fut la première femme à obtenir le premier grand prix de Rome de composition musicale, à dix-neuf ans, en 1913. Que, morte cinq ans plus tard, elle a laissé des œuvres d'une puissance et d'une originalité qui font d'elle un compositeur de premier plan. Le culte posthume que sa sœur Nadia, musicienne et pédagogue hors pair, a organisé autour d'elle, s'il a glorifié un génie fauché dans sa fleur, a laissé dans l'ombre (volontairement ?) bien des secrets. Quand on remonte aux sources de ce prodigieux talent, on se heurte à une cascade de mystères : les origines de la famille, la filiation, l'éclosion de la vocation de cette jeune fille, sa mort si précoce... Partant à la recherche de cette personnalité, Jérôme Spycket, autant que le lui permettent les documents, la suit dans la vie " d'artiste " trépidante que mènent sa mère et sa sueur (entourées des figures protectrices de Raoul Pugno et de la famille
Bouwens), dans le travail acharné qui, malgré une santé chancelante, lui permet d'accéder très tôt à la consécration que représente le prix, dans ses séjours contrariés à Rome, dans l'attachement quasi fusionnel des deux sœurs (qui sans doute ne l'étaient qu'à demi...). Éclairant ainsi le destin pathétique de Lili, personnage
d'un véritable roman familial, il relaie le sentiment qu'elle inspirait à ses contemporains, où, à l'attendrissement pour sa fragilité, se mêlait une admiration pour la force de son caractère et la haute teneur de son œuvre.
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