Il y a près de deux cents ans, Rivarol avait célébré l'universalité de la langue française, universalité toute relative puisqu'elle se limitait alors, pour l'essentiel, à l'Europe et au parler de cour. Peu enseigné dans l'Empire au temps de la colonisation, le français n'a jamais été aussi généralisé qu'on l'a prétendu.
Etrange paradoxe, c'est aujourd'hui qu'il est le plus parlé. La décolonisation lui a donné sa chance. Pour la première fois dans l'histoire, la langue française n'appartient plus en majorité aux habitants de la France. Dispersée entre les mondes arabes, africains, américains, elle traduit d'autres civilisations, d'autres climats, d'autres références historiques. Ce grand basculement annonce une véritable universalité. Les tenants sourcilleux de l'académisme et du nationalisme linguistique devront se montrer plus modestes. Ils ont perdu le monopole du français.
Sans triomphalisme excessif, sans pessimisme de routine, Thierry de Beaucé mesure dans ce Nouveau discours la place que la langue française tient dans le monde contemporain.
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