#Roman francophone

Le fleuve Alphée

Roger Caillois

Selon la fable grecque, le fleuve Alphée, à la fin de son cours, se jette dans la mer, traverse la Méditerranée et redevient fleuve dans l'îlot d'Ortygie, en face de Syracuse. L'auteur apprit à lire très tard. Mais, dès qu'il est livré à la lecture, il se précipite " à sensibilité perdue " dans l'océan des livres, dans la houle mouvante de la culture. C'est, dans sa vie, une très longue parenthèse. Toutefois, il conserve ou entretient comme autant d'antidotes des talismans disparates : objets insolites, images déroutantes, la condition végétale, les contrées écartées, les minéraux. Ce sont, issues de l'enfance, adhérences et fibrilles d'une tumeur salutaire. Un beau jour, elles lui permettent de sortir, autant que faire se peut, de la bulle isolante, à la fois étanche et transparente, où l'espèce humaine, la plus tardive et la plus ingénieuse, se calfeutre et règne avec toujours plus de succès. Comme le fleuve Alphée, il regagne alors une terre ferme. Là il connaît, sinon la sérénité, du moins ce qu'il nomme les " embellies de l'âme ", qui lui procurent la contemplation des pierres : " Pierres, archives suprêmes, qui ne portez aucun texte et qui ne donnez rien à lire... " Le fleuve rescapé du naufrage n'aspire plus qu'à atteindre la source symétrique, celle qui éponge.

Par Roger Caillois
Chez Editions Gallimard

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Genre

Littérature française (poches)

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01/01/1992 219 pages 8,50 €
Scannez le code barre 9782070725441
9782070725441
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