Aveuglés par d'absurdes partis pris rétrogrades, nous avons mal compris le Petit Chaperon rouge. Quand le loup lui demande : "Tu n'as pas peur de te promener ainsi toute seule ? " elle se rend parfaitement compte du caractère honteusement sexiste de la remarque. La prend-on pour quelqu'un de mentalement désavantagé ? Simplement, elle répond poliment parce qu'elle tient compte du fait que le loup lui-même, rejeté depuis des siècles par la morgue des "animaux humains", a droit à la considération que méritent toutes les victimes des oppresseurs. D'ailleurs un peu plus tard, chez la Mère-Grand, quand elle se battra avec lui et que voudra intervenir un technicien sylvestre qui passait par là (traduisez : un bûcheron ; et ajoutez : indélicat envers les bûches qui, elles aussi, ont droit au respect), elle enverra paître ce représentant honni du machisme blanc : les minorités n'ont besoin de personne pour régler leurs comptes. Voulez-vous d'autres exemples qui vous aideront à lire ou relire les contes de fées ? Les mauvaises soeurs de Cendrillon ne sont pas des laiderons (ignoble considération phallocrate) mais des jeunes personnes devant relever un défi esthétique. Blanche-Neige n'est pas entourée des sept nains, mais de sept compagnons à la verticalité contrariée...
Commenter ce livre