Apparue en Toscane au milieu du XIVe siècle, la nouvelle est intimement liée à l'évolution de la littérature narrative en Occident. Contrairement aux autres pays où elle jouit d'un statut de premier plan, on a trop tendance à la considérer en France comme le parent pauvre du roman. Elle en a pourtant souvent défriché les pistes, contribué à réformer les modalités et les thèmes. Mais elle assume aussi, dès sa naissance officielle avec le Décaméron de Boccace, l'héritage ancestral du conte, et en premier lieu la situation de communication qui met face à face un conteur et son public. À partir du moment où s'impose la littérature écrite, le genre du conte et celui de la nouvelle se conjuguent donc jusqu'à se confondre bien souvent. C'est pourquoi, au-delà d'une distinction parfois artificielle entre conte et nouvelle, cet ouvrage veut proposer une étude à la fois historique et poétique du récit bref, pour en cerner les évolutions, les techniques et les ressources. N'entendant toutefois pas ignorer la permanence d'une dualité dont témoigne le vocabulaire, il suggère aussi quelques critères qui permettent d'en rendre compte. Nourrie de plus d'une centaine de références et d'analyses, qui empruntent aussi bien aux littératures d'expression anglaise, allemande, italienne, espagnole qu'au patrimoine français, cette étude se veut réflexion sur un genre, mais aussi invitation à relire un type de récit que notre enseignement de la littérature a trop longtemps négligé, voire à redécouvrir certaines oeuvres victimes d'un oubli injustifié.
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