#Polar

Polonium 210

Gérard de Villiers

Malko sentit son sang se figer dans ses veines. Il ne voyait plus que l'énorme fleur accrochée au revers du tailleur de la blonde. Elle se trouvait encore à trois mètres de lui. Si elle arrivait à un mètre et déclenchait son spray, il aspirerait le Polonium 210 et mourrait dans des souffrances atroces, quelques semaines plus tard. Il se leva brusquement, arrachant le Glock de sa ceinture et le braqua sur Valentina Starichnaya, et lança en russe : - Valentina ! Nié Dvigatrés ! Malko calcula qu'il avait encore vingt centimètres de marge. La Russe marqua un court temps d'arrêt, comme si elle obéissait à Malko, puis recommença à avancer.

Par Gérard de Villiers
Chez Gérard de Villiers

| 12 Partages

Genre

Romans policiers

12

Partages

PROLOGUE

Vladimir Vladimirovitch Poutine contemplait par une des fenêtres de son bureau de travail aux murs beiges les corbeaux qui ne cessaient de s’abattre sur les tours du Kremlin, se laissant glisser en croassant le long des bulbes dorés. Tous les jours c’était le même spectacle. Des nuées d’oiseaux noirs tourbillonnaient au-dessus de la vieille forteresse. Depuis des siècles, ils se succédaient, poussés par un mystérieux instinct génétique. Personne n’avait jamais pu expliquer l’attirance de ces oiseaux pour le centre du pouvoir russe. Même les faucons dressés à la demande de Boris Nikolaïevitch Eltsine n’avaient pu en venir à bout.

Une sorte de malédiction à laquelle le pragmatique Vladimir Vladimirovitch n’était guère sensible.

Il enclencha un CD de Tchaïkovski et alluma son ordinateur. C’est lui qui avait fait installer dans cette pièce une stéréo sophistiquée sur laquelle il écoutait de la musique classique. Sa seconde passion était de surfer inlassablement sur Internet, à la recherche des sites d’opposition. Le FSB1 lui signalait les plus virulents pour qu’il puisse s’en faire une idée par lui-même.

Il tomba d’abord sur celui d’Alexandre Litvinenko, un ancien major du FSB qui s’était enfui de Russie six ans plus tôt, pour rejoindre un petit noyau d’opposants irréductibles regroupés autour de l’oligarque Simion Gourevitch, devenu l’ennemi juré de Vladimir Poutine qu’il avait pourtant beaucoup aidé dans son ascension à l’époque Eltsine.

Il le parcourut rapidement. En sus des accusations habituelles sur sa supposée implication dans les deux attentats criminels qui avaient causé plus de trois cents morts à Moscou, en 1999, et déclenché la seconde guerre de Tchétchénie, le site relayait des accusations de pédophilie, avec des détails répugnants.

Vladimir Poutine eut une grimace méprisante et passa au site de Simion Gourevitch.

Là, il eut un choc : l’oligarque venait de déclarer à plusieurs journaux qu’il allait consacrer une partie de sa fortune à fomenter un coup d’État en Russie, afin de se débarrasser de Vladimir Poutine !

Celui-ci demeura figé devant l’écran, ressentant la même fureur que lorsque le même Simion Gourevitch, se croyant tout permis, pénétrait sans frapper dans son bureau de président de la Russie.

Ce qui plongeait Vladimir Poutine dans une colère indicible. On devait respecter la hiérarchie et l’autorité. C’est ce qu’on lui avait appris au KGB, lorsqu’il avait vingt-trois ans. Il en avait aujourd’hui cinquante-quatre et continuait à adhérer aux mêmes principes. Or, qui, plus que le président de la Russie, méritait d’être respecté ?

Il revint au site de Simion Gourevitch, maudissant l’oligarque félon. Le procureur général de Russie avait, sur son ordre, lancé un mandat d’arrêt international contre lui pour différents délits financiers, mais les Britanniques s’obstinaient à ne pas l’exécuter, ayant accordé à Gourevitch le statut de réfugié politique.

Commenter ce livre

 

Polonium 210

Gérard de Villiers

Paru le 04/04/2007

302 pages

Gérard de Villiers

7,50 €