#Roman francophone

Robinson Crusoé

Daniel Defoe, Françoise Du Sorbier, Stéphane Maltère

Ah ! si seulement Robinson avait écouté les sages conseils de son père... Echoué sur une île déserte avec pour seuls secours son courage et son inventivité, il lui faut, pour survivre, reconstruire un monde nouveau, revenir aux sources de l'humanité, tout réapprendre. Vendredi, un jeune sauvage, lui apportera le réconfort. Mais autour d'eux, cannibales et pirates menacent... Dans cette nouvelle traduction de référence, précise et facile d'accès, les élèves aborderont le genre du roman d'aventures en suivant les péripéties d'un personnage devenu mythique. Ecrit sous la forme d'une autobiographie, Robinson Crusoé permettra aux jeunes lecteurs de s'identifier à l'intrépide héros et de découvrir une oeuvre majeure de ta littérature mondiale.

Par Daniel Defoe, Françoise Du Sorbier, Stéphane Maltère
Chez Magnard

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Editeur

Magnard

Genre

Collège

 

 

 

 

 

 

I

 

 

Je suis né en l’an 1632, dans la ville de York, au Nord de l’Angleterre. J’avais deux frères plus âgés que moi : l’aîné était lieutenant colonel dans un régiment d’infanterie britannique dans les Flandres, et fut tué durant la bataille de Dunkerque contre les Espagnols. Que devint l’autre ? Je ne l’ai jamais su, pas plus que mes parents ne connurent mon destin.

Étant le benjamin de la fratrie, je n’avais été élevé pour aucun métier en particulier, et ma tête se remplit donc dès mon plus jeune âge de pensées vagabondes : je voulais découvrir le monde. Mon père, qui était très âgé, m’avait enseigné autant de connaissances qu’il est possible d’en acquérir dans une petite ville de campagne, et il me destinait à devenir avocat ; mais je ne désirais que prendre la mer. Cette inclination était si puissante qu’elle me poussait à partir malgré la volonté de mon père et les craintes de ma mère, si bien qu’il semblait que ce soit mon destin de souffrir par ma faute.


Mon père, qui était un homme sage et grave, me donna d’excellents et sérieux arguments pour contrer mes projets. Il me fit venir un jour dans sa chambre et critiqua vivement mes intentions ; il me demanda ce qui, à part l’envie de vagabonder, pouvait bien me pousser à quitter la maison de mon père et mon pays natal, alors qu’il me serait facile d’améliorer ma situation en m’appliquant et en travaillant sérieusement, vivant ainsi une vie facile et plaisante. « Mon fils, me dit-il, seuls les hommes dont la situation est désespérée, ou bien ceux qui, au contraire, aspirent à un destin exceptionnel, partent à l’étranger chercher l’aventure hors des sentiers battus, pour s’enrichir et se rendre célèbres. Pourtant, ce n’est pas le succès qui peut apporter la sobriété, la tranquillité, la santé, la bonne compagnie et tous les plaisirs que l’on puisse désirer, mais plutôt un statut modeste comme le tien. »

Après cela, il me pria gravement et très affectueusement de ne pas jouer les jeunes hommes imprudents en me précipitant dans des chagrins que la nature et ma naissance pouvaient m’éviter, en me disant qu’il m’aiderait à obtenir tous les bienfaits qu’il m’avait promis. « Si tu me désobéis, tu seras malheureux, toutes sortes de tragédies s’abattront sur toi, et tu en seras le seul responsable. Pense à ton frère aîné, que j’ai essayé d’empêcher de partir combattre, mais qui ne m’a pas écouté et s’est engagé, pour finir par se faire tuer à la guerre. Quand plus personne ne sera là pour te sauver, toi aussi, tu regretteras de ne pas m’avoir écouté. »

J’essayai d’en parler à ma mère, mais elle ne fit que soupirer et alla tout raconter à mon père. Il lui répondit en soupirant de plus belle : « Ce garçon pourrait être heureux s’il restait chez nous, mais s’il prend la mer, il sera l’homme le plus malheureux qui ait jamais vécu ; je ne peux pas consentir à le laisser partir. »

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Robinson Crusoé

Daniel Defoe trad. Françoise Du Sorbier

Paru le 22/06/2012

272 pages

Magnard

5,40 €