#Roman jeunesse

Le cheval et son écuyer

C.S. Lewis, Pauline Baynes, Philippe Morgaut

Shasta, maltraité par le pêcheur qui l'a recueilli et élevé, quitte le pays de Calormen en compagnie de Bree, un cheval doué de parole. Ils n'ont qu'un espoir : rejoindre le merveilleux royaume de Narnia... En chemin, ils rencontrent une jeune fille de noble naissance, Aravis, qui fuit un mariage forcé. D'aventure en aventure, les deux héros perceront-ils le mystère qui entoure la naissance de Shasta ?

Par C.S. Lewis, Pauline Baynes, Philippe Morgaut
Chez Editions Gallimard

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Genre

Folio junior

Chapitre 1

Comment Shasta se mit en route

 

 

 

 

 

Voici le récit d’une aventure qui s’est déroulée à Narnia, à Calormen et dans les contrées qui les séparent, durant l’Âge d’Or où Peter était roi suprême de Narnia, son frère et ses deux sœurs roi et reines en dessous de lui. En ce temps-là vivaient dans une petite crique marine, à l’extrême sud de Calormen, un pauvre pêcheur nommé Arsheesh, et à ses côtés un jeune garçon qui l’appelait « père ». Le nom du jeune garçon était Shasta. La plupart du temps, Arsheesh partait sur son bateau le matin pour aller pêcher et, l’après-midi, il attelait son âne à une charrette dans laquelle il chargeait le poisson pour aller le vendre au village, à environ deux kilomètres au sud. S’il avait bien vendu, il rentrait à la maison d’assez bonne humeur et ne disait rien à Shasta, mais s’il avait mal vendu, alors il trouvait un reproche à lui faire et, parfois, le frappait. Il y avait toujours quelque chose à reprocher à Shasta, car il avait beaucoup de tâches à accomplir, comme de repriser et laver les filets, préparer le dîner et faire le ménage dans la chaumière où ils habitaient tous deux.

Shasta ne s’intéressait pas du tout à ce qui se trouvait au sud de chez lui car il était allé une ou deux fois au village avec Arsheesh et il savait qu’il n’y avait là-bas rien de passionnant. Il n’y avait croisé que des hommes en tout point semblables à son père, des hommes portant de longues tuniques sales, des sabots de bois aux bouts relevés, un turban sur la tête et une barbe, et qui s’entretenaient très lentement de choses ennuyeuses. Mais il était très intéressé par tout ce qui se trouvait au nord, car personne n’allait jamais dans cette direction, et lui-même n’était pas autorisé à y aller. Quand il était assis sur le seuil, occupé à repriser les filets, il regardait souvent vers le nord avec curiosité. On ne voyait rien d’autre qu’une pente herbeuse montant jusqu’à une crête plate et, au-delà, le ciel traversé à l’occasion par quelques oiseaux.

Parfois, profitant de la présence d’Arsheesh, Shasta lui demandait :

–  Ô mon père, qu’y a-t-il là-bas, derrière cette colline ?

Et alors, si le pêcheur était de mauvaise humeur, il giflait Shasta à tour de bras en lui disant de s’occuper de son travail. Ou bien, s’il était dans un état d’esprit pacifique, il lui répondait :

–  Ô mon fils, ne te laisse pas distraire par des questions oiseuses. Car un de nos poètes a dit : « L’acharnement au travail est la source de toute prospérité, tandis que ceux qui posent des questions ne les concernant pas pilotent le vaisseau de leur folie vers le rocher de l’indigence. »

Shasta pensait qu’il devait y avoir au-delà de la colline quelque secret délectable que son père souhaitait lui dissimuler. Alors qu’en fait le pêcheur parlait ainsi parce qu’il ne savait pas ce qui se trouvait au nord et ne s’en souciait pas non plus. Il avait un esprit très terre à terre.

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Le cheval et son écuyer

C.S. Lewis trad. Philippe Morgaut

Paru le 07/09/2017

240 pages

Editions Gallimard

12,00 €