Comme bien d'autres femmes de ma génération, j'ai remis le
soutien-gorge que j'avais rejeté et accepté de réintégrer
l'essentiel des conventions sociales. Mes petits-enfants m'ont
réconciliée avec la famille et mon compagnon avec le couple.
Loin d'attiser la guerre des genres, j'attache de l'importance
aux spécificités masculines et féminines ainsi qu'à leur
complémentarité. Autrement dit, mon féminisme n'est plus ce
qu'il était et j'en suis fière. J'ai évolué. Mais je reste une
femme avide de liberté pour moi et pour les autres, hommes et
femmes. Une femme qui veut que les femmes puissent faire
savoir leurs désirs et choisir leurs vies. C'est pourquoi je
m'étonne de ce que la société d'aujourd'hui leur inflige et à
quoi elles semblent consentir. D'une femme qui se veut
féminine, on attend qu'elle soit sexy et rien d'autre. Autrement
dit, une femme doit refléter les fantasmes masculins et susciter
le désir des hommes ou alors elle n'est pas considérée comme
féminine. Le genre féminin ne serait-il plus un genre à part
entière, mais le miroir des désirs de l'autre genre ? Qu'en est-il
donc de la force, du courage, de l'intelligence, de la solidarité,
de la sensibilité ? Ces qualités, que chacun reconnaît pourtant
comme étant celles des femmes, ne seraient-elles plus
féminines ?
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