ROXANE
Bajazet, il est vrai, m'a tout fait oublier.
Malgré tous ses malheurs plus heureux que son frère
Il m'a plu, sans peut-être aspirer à me plaire.
Femmes, gardes, vizir, pour lui j'ai tout séduit.
En un mot vous voyez jusqu'où je l'ai conduit.
Grâces à mon amour, je me suis bien servie
Du pouvoir qu'Amurat me donna sur sa vie.
Bajazet touche presque au trône des sultans.
Il ne faut plus qu'un pas. Mais c'est où je l'attends.
Malgré tout mon amour, si dans cette journée
Il ne m'attache à lui par un juste hyménée,
S'il ose m'alléguer une odieuse loi,
Quand je fais tout pour lui, s'il ne fait tout pour moi,
Dès le même moment sans songer si je l'aime,
Sans consulter enfin si je me perds moi-même,
J'abandonne l'ingrat, et le laisse rentrer
Dans l'état malheureux d'où je l'ai su tirer.
(Acte I, scène III)
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