#Essais

Le dernier procès de Kafka

Philippe Pignarre, Benjamin Balint

Au moment de mourir, en 1924, Kafka demande à son ami Max Brod - qui s'y refusera - de brûler son journal, ses lettres, ses romans inachevés, etc. Quand, en 1968, Max Brod meurt à son tour, à Tel-Aviv, Kafka est reconnu comme l'un des plus grands écrivains du siècle et son héritage devient l'enjeu de querelles passionnées. Les procès vont réveiller "l'éternel débat sur l'ambivalence de Kafka envers le judaïsme et le projet d'établissement d'un Etat juif - et sur l'ambivalence d'Israël envers Kafka et la culture de la diaspora". Selon l'auteur, l'Etat juif repose notamment sur "l'idée que c'est seulement en Israël - et seulement en hébreu - que l'on peut à nouveau entrer dans l'histoire en tant que Juif". Ce livre restitue le monde de Kafka de l'entre-deux-guerres. Le sionisme apparaît comme un refuge, face au double risque qui menace le peuple juif : d'un côté, la violence antisémite, de l'autre, la perte d'identité par une lente assimilation. Si Kafka n'a jamais vraiment adhéré au sionisme, il a appris l'hébreu avec passion. N'était-ce pas d'abord un "moyen de renaissance spirituelle" qui donnerait un nouveau sens à l'idée même de nation, grâce à l'amitié entre Juifs et Arabes ? A qui appartient Kafka ? Et, plus généralement, à qui appartient l'héritage de la diaspora ? Kafka lui-même n'a pas tranché, soulignant qu'il était un Juif écrivant en allemand : "Suis-je un écuyer monté sur deux chevaux ? Malheureusement, je n'ai rien d'un écuyer. Je gis par terre."

Par Philippe Pignarre, Benjamin Balint
Chez La Découverte

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Le dernier procès de Kafka

Benjamin Balint trad. Philippe Pignarre

Paru le 25/11/2021

286 pages

La Découverte

12,00 €