Ce qui constitue la particularité de René Euloge, dans son recueil de nouvelles, est sa conception singulière d'un Protectorat français au Maroc qui aurait dû être véritablement protecteur de la petite paysannerie berbère, contre l'atavique hiérarchie marocaine chérifienne, parfois insoumise. Familier d'un monde qu'il juge simple et païen dans toute sa rusticité, le conteur est témoin de l'oppression de ces humbles paysans et bergers, ses amis, par les riches notables, soutenus par les Bureaux français. Les autorités françaises les livrent alors à leurs bourreaux ancestraux. Nous sommes donc très loin, chez l'écrivain, de la politique dite "des grands caïds" du maréchal Lyautey, visant essentiellement à soutenir la dynastie. Le but n'est plus de défendre ni sultan, ni gouvernement protégé, ni grand ou petit chef local, ni même colonisation. Ou bien alors de proclamer qu'une telle colonisation ne pourra se maintenir qu'en devenant humaniste comme celle, prônée à la même époque, par Robert Delavignette.
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