Pour beaucoup, la maison représente un lieu apprécié de réconfort et de sécurité. C'est aussi un lieu d'émotions fortes et de liens stables que l'on désire durables où puisse se perpétuer la lignée. Si de tels affects et vécus sont rendus possibles, c'est que la maison est représentée dans notre inconscient et que notre inconscient l'ordonne et lui donne vie. Alberto Eiguer étudie ici cette réciprocité. Il reprend des concepts comme représentation, image du corps, sentiment d'appartenance, intersubjectivité familiale, qu'il fait jouer en les réarticulant, ou il en crée d'autres comme habitat intérieur, liens de cohabitation. Dans les familles adoptives, recomposées et homoparentales, ces derniers liens permettent de refonder un lien de filiation entre des individus qui n'ont pas de liens de sang. Quelles forces animent la cohabitation ? Quels conflits, difficultés et souffrances expriment-elles qui nous aideront à mieux les traiter ? Comment véhiculent-elles la mémoire des blessures transgénérationnelles ? En s'interrogeant sur les objets et les meubles, leur fonction, la manière dont ils sont disposés dans le logement, ou sur la circulation entre les pièces, A. Eiguer conclut à l'importance du jeu et de l'action pour la famille. L'espace se construit par le mouvement que l'on inflige aux choses et si l'on s'y plaît, c'est parce que " l'on s'y amuse comme des enfants ". L'étude de l'intime rappellera au lecteur les virtualités de la vie commune ainsi que les drames qu'elle peut traverser. Ce livre, complété par de nombreuses illustrations cliniques, permet d'envisager sous un autre regard la construction de la maison, l'héritage, le déménagement ou les souffrances dues à la perte de son logis.
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