Avant-portraits
Sans doute les caractères de l’éternel féminin auraient-ils mérité un autre moraliste. Peut-être le lecteur estimera-t-il que l’auteur a davantage mis en relief les défauts que les qualités de nos compagnes. Mais si les femmes ont les défauts de leurs qualités, ces dernières sont si nombreuses qu’elles expliquent ce qui ne saurait constituer un parti pris. Et puis c’est le propre du pinceau, à vocation plus caustique qu’encaustique, que de noircir le trait et d’éclairer – parfois cruellement – les zones d’ombre de ces charmantes personnes dont La Bruyère disait : « Il faut juger des femmes depuis la chaussure jusqu’à la coiffure exclusivement, à peu près comme on mesure le poisson entre queue et tête. »
Les femmes parfaites n’ont pas d’histoires, donc pas de biographes. Elles ne relèvent d’aucune discipline et n’intéressent que leurs proches. Soyez assuré qu’il n’entre aucune misogynie dans ces portraits, que si l’auteur s’était penché sur le sexe prétendu fort, il en aurait fait le tour en dix archétypes guère plus différents que les tissus qui, classiquement, les habillent et que le peintre a aimé et aime encore passionnément ses modèles. Pas seulement pour les plaisirs et les émotions qu’ils dispensent. Mais pour la prodigieuse diversité d’innombrables créatures toutes uniques, pour leurs dissemblances d’avec les mâles, pour leur subtilité, quatrième dimension de l’intelligence dont les hommes – qui ne sortent pas grandis de cette galerie de portraits où ils jouent les utilités souvent inutiles – sont tragiquement dépourvus, pour leur faiblesse apparente et pour leur force réelle, pour apporter au monde un courage, une générosité, une passion, des capacités d’amour qui embellissent (et compliquent) l’existence. Ainsi que pour des mystères que ce livre ne suffira pas à complètement dissiper.
Certains tempéraments décrits sont loin d’être unisexes. Mais il y a des spécificités, par définition, féminines comme celles déterminées par des sautes d’humeur dont, voilà quatre siècles, La Bruyère – encore lui – se félicitait : « Le caprice est dans les femmes tout proche de la beauté, pour être son contrepoison, et afin qu’elle nuise moins aux hommes, qui n’en guériraient pas sans remède. »
Les femmes assument au sein de nos sociétés infiniment plus de rôles que les hommes. Et elles sont, de ce fait, les vraies vedettes de l’espèce. Ce que reconnaissait La Bruyère – toujours lui – lorsqu’il s’écriait : « Une belle femme qui a les qualités d’un honnête homme est ce qu’il y a au monde d’un commerce plus délicieux car l’on trouve en elle tout le mérite des deux sexes. »
Ph. B.
Judith, la menteuse
Judith ment comme elle respire et sa capacité thoracique dépasse la normale qui, depuis sa naissance, l’aura poussée à travestir la réalité jusqu’à sa mort. Elle ment sans arrière-pensée, sans noir dessein, pour le plaisir, machinalement.
Extraits
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