Qu'ils soient en costume ou en jeans, tous sont les témoins accidentels de l'écriture d'un des chapitres de l'Evangile des Beatles selon Michael Lindsay-Hogg. Ayant investi les toits, ils sont aux premières loges de l'ultime apparition des Beatles. Ils croient puisqu'ils voient. Au contraire de saint Thomas qui avait exigé des preuves de la résurrection et s'était retrouvé comme un couillon à devoir passer son doigt à travers les trous des mains de Jésus crucifié, ils n'ont rien demandé. Ils sont juste au bon endroit au bon moment, juste un petit peu plus chanceux que ceux qui, de la rue, croient sans voir. C'est leur dernier concert et les Beatles ne le savent pas encore. Après deux ans d'absence scénique, les Fab Four choisissent de se produire sur un toit terrasse dans un vent furibond, sans filles hystériques, devant un public clairsemé. De ce mythique concert du Rooftop donné en janvier 1969, Valentine del Moral tire un récit décalé. Elle pose un regard vif, informé, parfois drôle sur ces quarante-deux minutes de légende aux allures bibliques. Ringo y apparaît en Saint-Esprit, George en Fils, John et Paul en Pères. Les fidèles lèvent la tête, les femmes au tombeau - Yoko en tête - s'exposent. Producteurs-évangélistes, apôtres-roadies, centurions-bobbies s'unissent pour que les Beatles nés dans une Cavern de Liverpool achèvent leur carrière en montant au ciel.
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