Troy Augustus Cameron se sentait parfaitement justifié à être voleur. Le fondement même de sa justification était la conviction qu'il n'avait nul besoin de se justifier. Dostoïevski, par la voix d'Ivan Karamazov, l'avait énoncé de manière succincte : s'il n'est pas de Dieu, alors toutes choses sont permises.
Trois hommes, tous anciens taulards ayant fait leurs classes ensemble depuis la maison de correction jusqu'au pénitencier de San Quentin, décident de renouer avec le crime sous le commandement de Troy. Ce dernier a l'idée de s'attaquer aux gangsters et aux trafiquants de drogue pour leur voler argent et cocaïne, en partant d'un postulat simple : des hors-la-loi n'iront jamais mêler la police à leurs affaires.
La description que fait Bunker des rapports entre Troy et ses deux compagnons, Diesel et Mad Dog, a la force d'un constat clinique auquel vient se greffer, en contrepoint, une analyse puissante des aberrations du système judiciaire américain. Tous les protagonistes de cette histoire sont en marge d'une société qu'ils refusent parce qu'elle ne permet pas le rachat de la faute. Ce pourrait être une vision simplement cynique et désabusée, ce n'est pas le cas. Parce qu'il a crée des personnages humains, soudés par une amitié aussi intense qu'incongrue, Bunker fait passer un souffle tragique dans ce roman.
Commenter ce livre