Edité par Cicéron, ce poème est l'exposé le mieux formulé des courants matérialistes de l'Antiquité. Lucrèce présente le système d'Epicure, mais aussi, sans doute, une large part de la philosophie de Démocrite dont aucun texte ne nous est parvenu. Critique de la religion et des superstitions, cosmologie atomistique et naturaliste, sensualisme radical, ébauche d'une théorie évolutionniste, le matérialisme de Lucrèce entend mettre en avant la liberté humaine affranchie de toutes les entraves au plaisir, considéré comme bien suprême et critère de nos actions. Cette philosophie qui prétend aussi, à l'indifférence totale de la nature à l'égard du destin humain n'est pas sans échos aujourd'hui : la mort de l'homme, le relativisme, l'eudémonisme individualiste. Ce matérialisme a préfiguré également la cosmologie scientiste du XIXe siècle à travers des formules désormais célèbres : " Rien ne surgit du néant, rien ne se perd, la somme des mouvements est constante dans la nature. "
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