Au front
M.-B. L.
Qu’arrive-t-il à un psy qui se porte volontaire
pour recevoir les coups d’un adversaire
bien plus jeune que lui ?
S’éprouve-t-il soudain sauvage lui aussi ?
D’où fuse la violence de l’assaillant ?
Qui en est l’auteur, le porteur,
qui ou quoi est violent ?
Que vise l’attaque ?
Un trésor, un soleil, un diamant,
saisis à défaut d’un lien d’émerveillement ?
L’émerveillement, l’attention, la gaieté
créent-ils un lien, un tissu, une ambiance
dont la substance est vitale ?
Matérielles, immatérielles,
comment les qualités de cette ambiance
fluctuent-elles ?
L’oiseau en cage ne peut voler,
le voleur en prison non plus.
L’œil, le fantasme volent-ils ?
Contention des murs et des barreaux
des langes et des berceaux,
des bras costauds,
Contenance du corps lui-même,
du maintien, de la tenue,
Contentement d’un heureux moment,
ces différents mouvements s’éprouvent-ils
en continuité,
en alternance rythmée ?
Comment tenir ceux qui sont au front,
enfants et adultes, violents de toutes façons,
comment les tenir pour qu’ils tiennent ?
Peut-être l’œil, l’oreille, l’attention,
l’intérêt généreux du lecteur
sont-ils eux-mêmes acteurs
à l’instant où surgit la violence ?
Car l’intuition de sa présence
et l’espoir de sa bienveillance
peuvent transformer un coup méchant
en un événement captivant.
Extraits
Commenter ce livre