Introduction
Marie-Paule Poilpot [*]
Cette dernière décennie a mis en évidence la violence faite aux enfants. Partout les États se sont dotés de mesures législatives permettant de mieux protéger les enfants victimes de maltraitance, quelle que soit la forme de cette maltraitance (physique, psychologique ou sexuelle). Les études réalisées sur le sujet sont toutes unanimes et montrent que ce sont les petits enfants qui sont le plus exposés et que les actes de maltraitance ont lieu le plus souvent au sein de la famille, les auteurs en étant les parents eux-mêmes.
Peu à peu, grâce au travail et aux dispositifs d’observation mis en place, on découvre que l’enfant victime de violence au sein de la famille n’est pas la seule victime ; d’autres membres de la famille placés en situation de vulnérabilité sont aussi exposés, en particulier les mères.
On le sait, la violence conjugale a toujours existé ; on le sait aussi : les victimes en sont les femmes et les auteurs, les hommes. Mais elle demeure encore cachée, honteuse, secrète.
Selon certaines estimations, trois millions de femmes en France subiraient des violences au sein de leur couple, soit une femme sur cinq environ. Six femmes seraient tuées chaque semaine par leur compagnon.
Pour l’Europe, le constat est également affligeant : une femme sur vingt serait victime de violences physiques et une femme sur cinq subirait des violences de la part de son conjoint ou compagnon au moins une fois dans sa vie.
Face à ce constat, on ne peut pas manquer de s’interroger sur la situation vécue par les enfants qui, quotidiennement ou presque, sont amenés à être les témoins de ces violences. Témoins passifs ou témoins actifs ? On estime que 25 % des enfants vivant au sein de couples violents subissent eux-mêmes des violences physiques et, évidemment, ce sont les enfants les plus jeunes qui sont les plus exposés.
Dans tous les cas, ces enfants subissent des dommages et des préjudices d’ordre affectif et psychique importants, même s’ils ne sont pas eux-mêmes victimes directes de maltraitances au cours des scènes de leurs parents.
Si les couples violents existent dans tous les milieux socio-culturels, certaines périodes de la vie conjugale sont plus exposées que d’autres. Par exemple, selon certaines estimations, la grossesse, moment d’exception dans la vie du couple, peut devenir un temps de grande tension affective et amener le père à commettre des actes de violence à l’égard de la future mère. Quatre à 8 % des femmes seraient violentées pendant leur grossesse, ou au moment de la naissance, ou dans l’année qui suit la naissance.
Dans ces situations très particulières, l’enfant est alors directement concerné ; les conséquences en sont diverses, qu’elles soient d’ordre physique ou psychique, et peuvent même menacer son avenir (naissance prématurée, bébé de petit poids, mort du fœtus in utero…).
Comme pour les violences faites aux enfants, les violences conjugales ne sont pas seulement des affaires privées, mais également, par les conséquences qu’elles entraînent, de véritables problèmes de société et donc de santé publique.
Extraits
Commenter ce livre