#Imaginaire

The Expanse Tome 1 : L'éveil du Leviathan

James S. A. Corey

Avec ce premier volume de la série "Expanse", James SA Corey signe "un space opera à tomber à la renverse" (George RR Martin). L'humanité a colonisé le système solaire (Mars, la Lune rebaptisée Luna, la Ceinture d'Astéroïdes et au-delà), mais les étoiles restent toujours hors de sa portée. Jim Holden est second sur un transport de glace qui effectue la navette entre les anneaux de Saturne et les stations installées dans la Ceinture. Quand lui et son équipage croisent la route du Scopuli, un appareil à l'abandon, ils se retrouvent en possession d'un secret qu'ils auraient souhaité ne jamais connaître. Un secret pour lequel certains sont prêts à tuer, et à une échelle impensable pour Jim et son équipage. La guerre dans tout le système solaire devient inévitable, à moins qu'il découvre qui a abandonné ce vaisseau, et pourquoi. L'inspecteur Miller recherche une jeune femme. Elle n'est qu'une personne parmi des milliards, mais ses parents ont les moyens, et l'argent peut tout. Quand l'enquête le mène au Scopuli et à Holden, devenu sympathisant des rebelles, Miller comprend que cette jeune femme est peut-être la réponse à tout. Holden et Miller doivent désormais jouer la partie en finesse, entre le gouvernement de la Terre, les révolutionnaires des Planètes Extérieures et certaines firmes aux visées secrètes. Et leurs chances sont minces. Mais au cœur de la Ceinture les règles sont différentes, et un petit vaisseau peut changer le destin de l'univers. Premier volet d'une série qui compte pour l'instant trois titres, L'Eveil du Léviathan est un space opera passionnant et redoutable d'efficacité. Il a d'ailleurs reçu un très bon accueil outre-Manche et outre-Atlantique et a figuré sur bon nombre de listes finales pour des prix prestigieux (Nebula, Hugo...). Le roman ne renouvelle pas le genre mais il allie le meilleur du space opera classique à une intrigue policière mâtinée d'éléments horrifiques. Ajoutez à cela l'absence bienvenue d'explications scientifiques pesantes, une alternance de chapitres entre les deux personnages principaux, une écriture fluide et immersive, et vous obtenez un roman de pur divertissement, sans cesse haletant, qui ravira les fans du genre.

Par James S. A. Corey
Chez Actes Sud Editions

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Genre

Science-fiction

PROLOGUE

JULIE

 

Le Scopuli avait été pris d’assaut huit jours plus tôt, et Julie Mao était finalement prête à se laisser abattre.

Il lui avait fallu passer ces huit jours coincée dans un compartiment de stockage pour en arriver à ce stade. Pendant les deux premiers elle était restée immobile, convaincue que les hommes en tenue de combat renforcée qui l’avaient enfermée là ne plaisantaient pas. Les premières heures, le vaisseau sur lequel on l’avait emmenée ne bougea pas, et elle flotta dans sa prison en donnant de légères poussées pour éviter de se cogner contre les parois ou la combinaison atmosphérique avec laquelle elle partageait l’espace. Lorsque l’appareil se mit en mouvement, la poussée rétablit son poids et elle resta debout en silence, jusqu’à ce que les crampes envahissent ses jambes. Alors elle s’assit au ralenti et se mit en position fœtale. Elle avait uriné dans sa propre combinaison, sans se soucier de la démangeaison accompagnant la sensation de chaleur humide, uniquement préoccupée par le risque de glisser sur la flaque laissée sur le sol. Elle ne pouvait pas faire de bruit. Ils l’auraient abattue.

Au troisième jour, la soif la força à l’action. Les bruits du vaisseau étaient omniprésents autour d’elle. Le discret bourdonnement du réacteur et de la propulsion. Les sifflements et les chocs sourds constants des systèmes hydrauliques et des serrures en acier, quand les portes pressurisées entre les ponts s’ouvraient et se fermaient. Le martèlement ouaté de lourdes bottes arpentant les planchers métalliques. Elle attendit que tous les sons perceptibles lui semblent distants, puis elle décrocha la combinaison et la posa sur le sol. Tout en guettant le moindre bruit qui serait allé crescendo, elle désassembla le vêtement et en sortit la réserve d’eau. Celle-ci était ancienne et croupie. Manifestement la combinaison n’avait pas été utilisée ni entretenue depuis bien longtemps. Mais cela faisait des jours qu’elle n’avait rien bu, et le liquide tiède contenu dans la réserve fut le meilleur qu’elle ait jamais goûté. Elle dut fournir un réel effort de volonté pour ne pas tout avaler d’un coup, au risque de le vomir aussitôt.

Quand le besoin d’uriner revint, elle détacha de la combinaison le sac du cathéter et se soulagea dedans. Assise sur le sol et presque à l’aise sur le coussin que formait le vêtement rembourré, elle se demanda qui étaient ses ravisseurs – des membres de la Flotte de la Coalition, des pirates, ou pire. Elle somnola par intermittence.

 

Le quatrième jour, l’isolement, la lassitude et le nombre d’endroits de plus en plus restreints où uriner la poussèrent finalement à prendre contact avec eux. Elle avait entendu des cris de douleur étouffés. Quelque part, pas très loin, on frappait ou on torturait ses compagnons de bord. Si elle attirait l’attention des ravisseurs, peut-être qu’ils la mettraient avec les autres. Cela lui allait. Les coups, elle pouvait supporter. Il lui semblait que c’était bien peu de chose si cela signifiait revoir d’autres gens.

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trad. Thierry Arson
04/06/2014 624 pages 23,80 €
Scannez le code barre 9782330033118
9782330033118
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