A quoi tenait l'implantation de ma famille en Algérie ? Mon grand-père maternel, Henri Balland, avait mis les pieds dans ce pays dès l'âge de six ans. L'enfant s'était contenté de suivre, d'Oran jusqu'aux portes du désert, sa mère, Philomène. Son père faisait le coup de feu dans un village nommé alors Géryville. La terrible Philomène, pour rejoindre son mari, n'avait pas hésité à exercer le métier de cantinière dans le régiment qui gagnait ce bled, pour se porter au secours des troupes enfermées dans la redoute Pasquet : là, ces soldats de coloni-sation luttaient contre l'assaut des tribus rassemblées sous le commandement d'un célèbre fils du pays : Bouhamama. Le nombre des assaillants, leur courage, leur refus des chaînes coloniales rendaient fragile la résistance des assiégés : il fallait briser le siège avant que l'hécatombe n'entame les progrès d'une politique coloniale décidée à Paris.
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