Lorsque Gide découvrit Le Cousin Pons, ce fut, dit-il, "dans le ravissement, dans l'extase, ivre, perdu... "; "... c'est peut-être, de tant de chef-d'œuvre de Balzac, celui que je préfère ; c'est en tout cas celui que j'ai le plus souvent relu."
Et le livre, en effet, suscite la compassion aussi bien que l'effroi. Quand en 1847 Balzac le fait paraître, il constitue, après La Cousine Bette, le second volet des Parents pauvres où résonne le destin de grands cœurs injuriés. Vieux musicien gourmand, collectionneur d'œuvres d'art bientôt cerné par la haine des plus vils intrigants d'en haut comme d'en bas, guetté par la mort mais lié à Schmucke d'une indéfectible amitié - un moment le livre eut pour titre Les Deux Musiciens -, le cousin Pons est la figure finalement sublime d'un roman sombre, travaillé par la dérision et l'angoisse, mais que l'humour et la drôlerie éclairent pour en faire également - le mot est de Balzac - une " comédie terrible ".
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