#Roman francophone

Le journal d'uzbek - quelques billets illustres

Michel Bellin

Un vieux Persan explore avec stupeur et bonne humeur certains us et coutumes... Et aussi les replis de son coeur. Reprenant l'argument de Montesquieu, Michel Bellin a décidé de rouvrir son blog au printemps 2022 pour y mettre en ligne un billet quotidien. Son défi : des textes brefs, mordants, parfois tendres, impertinents voire libertaires. Bref, cet ouvrage atypique est le florilège de quelques miniatures ciselées et illustrées par l'auteur de " J'ai aimé - Confidences d'un curé libéré ".

Par Michel Bellin
Chez Les Editions du Net

2 Réactions |

Genre

Littérature française

2

Commentaires

2 Commentaires

 

ParisDude

17/03/2023 à 09:42

J’avoue, je n’ai pas lu des tonnes de livres de ce que l’on appelle communément la « littérature classique française ». En fait, mis à part Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos (un de mes livres préférés) et quelques ouvrages du marquis de Sade, le seul que j’aie lu est Lettres Persanes de Montesquieu, que j’ai adoré. Or, on se souvient que l’un des personnages fictifs de ce roman épistolaire est un certain Uzbek, grand seigneur persan qui part de son Ispahan natif pour entreprendre un voyage à Paris, racontant dans ses lettres son périple et les mœurs étranges qu’il trouve sur place.

Michel Bellin, dont j’ai déjà présenté un recueil de poésie sur ce site, s’est glissé dans la peau de ce personnage sur le blog qu’il cultive sur son site d’auteur en écrivant de nombreux billets, dont certains ont été publié dans le recueil que je vous présente aujourd’hui : Le Journal d’Uzbek. Il s’agit d’une collection de vignettes, de courts textes, guère plus longs qu’une demi-page, dans lesquels l’auteur traite avec humeur et humour les aléas de la vie contemporaine, qui dans un cadre strictement personnel, qui dans une perspective plus vaste, plus générale. Notez que j’aime bien ce vocable de « vignette » (que l’auteur n’utilise pas, il est donc de mon propre fait), qui, étyomologiquement parlant, est dérivé de la vigne car, à l’origine, il désignait des ornements justement de plantes et de vignes. Pour moi, en littérature, une vignette, c’est un petit texte tellement court que l’on pourrait le caser sur une feuille de vigne (vous voyez l’image ?).

Difficile, voire impossible, de vous donner un résumé de ce livre précieux, que Michel a eu la bonté de me faire parvenir par courrier, les différents sujets abordés étant trop épars et trop divers. Sur l’échelle temporelle, les billets couvrent la période du premier trimestre 2022, plus ou moins, et vont des élections présidentielles aux recettes de cuisine cocasses, pour ne pas dire coquines de M. Bellin (les espèces de cookies en forme de zboub, avec photo à l’appui, par exemple, m’ont bien fait glousser). J’ai retrouvé avec bonheur le penchant de l’auteur pour l’humour caustique, un brin mordant, toujours perspicace, jamais vulgaire, même quand il parle de vie sexuelle. Son passé de prêtre a laissé des traces indélébiles dans certains textes, ou il est question de spiritualité et de Pouet-Pouet (nom don il affuble son ancien Grand Boss Là-Haut, vous voyez ce que je veux dire). Il ne laisse aucune nouvelle, aucune contradiction de son Ex Supérieur passer, et pour moi, qui oscille entre athée et agnostique, ces passages se sont avérés non seulement succulents, mais aussi pleins de bon sens et de perspicacité.

Le livre se « consomme » tel un bonbon acidulé, petite page après petite page, et ce j’ai retrouvé partout, c’est le plaisir immodéré que l’auteur ressent à manipuler le verbe (c’est-à-dire, pas seulement les verbes, à littéralement parler, mais aussi les substantifs, adjectifs, adverbes, enfin, vous voyez où je veux en venir). Michel Bellin a le don de se délecter de l’écriture, il manie la langue française avec brio, et tellement j’ai ressenti son amour pour cette langue que ce fut, pour moi aussi, un plaisir. Je ne peux donc que recommander cet ouvrage, qui ne va probablement pas convenir à tout le monde, je le conçois. Des courses-poursuites, du suspense, une trame suivie, un « plot », comme disent les Anglais, vous n’en trouverez pas, ici. Mais si vous aimez bien être diverti.e en toute intelligence, en sentant que ce que vous lisez vous rend plus ouvert.e, plus instruit.e, en voyant votre horizon s’élargir pour accueillir la « bonne parole » d’un prêcheur lucide (souvent dans le désert), qui n’a de cesse de vous faire des clins d’œil car il ne faut jamais se prendre trop au sérieux, ce sera un livre pour vous, comme il l’a été pour moi.

Benoît Mignault (critique littéraire québecquois de FUGUES)

18/03/2023 à 12:36

Un Persan aux années déjà bien comptées porte un regard à la fois cynique et pragmatique sur les événements qui ponctuent l’actualité des mois de février à avril 2022. C’est l’occasion pour lui de régler ses comptes avec les injustices, les invraisemblances et les bondieuseries en tous genres.

Derrière cette structure narrative se cache Michel Bellin, un ancien prêtre qui quitta les ordres, se maria, eut des enfants et embrassa finalement son homosexualité à l’âge de 50 ans. Fort d’un parcours pour le moins inhabituel, incluant une dérive au sein de l’Église, on lui doit depuis 1996 une production abondante composée de textes érotiques, (https://www.fugues.com/?s=michel+bellin) dont on ne peut que souligner la qualité de la langue et de la composition, mais également de nombreux essais.

L’auteur propose ici un peu plus d’une soixantaine de très courts textes extraits d’un blogue remis en activité au printemps 2022, se penchant sur des thèmes très variés comme la transphobie ou l’homophobie, la réputation surfaite de Marguerite Duras, la jouissance anale, les Gilets jaunes, l’utilisation de la toison humaine pour repousser l’invasion de sangliers, l’absurdité des prières du pape pour contrer la guerre en Ukraine, l’Église catholique et la gestion de ses crimes passés (et présents) de pédophile et plusieurs autres.

L’ouvrage s’accompagne également d’une série d’illustrations de son cru. Entre le poétique et le prosaïque, l’auteur fait feu de tout bois et n’hésite pas à retirer la majuscule au concept de « dieu » et à attribuer à ce dernier le délicieux sobriquet de Pouêt-Pouêt afin de lui faire perdre de la superbe dont on l’affuble trop souvent.

Iconoclaste de profession, l’ensemble dégagera un parfum de soufre pour certain.e.s et de gros bon sens pour d’autres.


INFOS | Le journal d’Uzbek : Quelques billets illustrés. St-Ouen : Éditions du Net, 2022. 103 p

https://www.fugues.com/2022/08/03/le-journal-duzbek-quelques-billets-illustres/

05/07/2022 104 pages 15,00 €
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