" " Personne ne connaissait Nana. D'où Nana tombait-elle ? Et des histoires couraient, des plaisanteries chuchotées d'oreille à oreille. C'était une caresse que ce nom, un petit nom dont la familiarité allait à toutes les bouches. Rien qu'à le prononcer ainsi, la foule s'égayait et devenait bon enfant. "
Un prénom lance donc le récit. Le passage du temps n'a pas démodé cette trouvaille magistrale consacrée par le passage du propre au commun. L'appellation populaire se répand dans les années soixante du XXe siècle. Au moment de la " révolution sexuelle ", la jeunesse ne dit plus une femme ni une fille mais une " nana ". Entre la familiarité et le mépris, le mot casse l'interdit, supprime le trac du dragueur, abolit la distance sexuelle. Une nana, c'est tout le monde et c'est personne : la femme prenable et la femme qui prend, c'est-à-dire la femme moderne. "
Catherine Rihoit (Extrait de la préface)
Commenter ce livre