" Sur cette île, la vie privée est comme l'hiver ou la neige, juste une illusion. " Cléo est une poétesse et écrivaine reconnue partout dans le monde sauf sur son île, à Cuba. Là, on la soupçonne de pactiser avec l'ennemi, on la surveille. Ailleurs — à New York, à Mexico — les Cubains en exil se méfient aussi : elle pourrait bien être une infiltrée. Partout où elle cherche refuge, refusant de renier qui elle est – une femme cubaine, une artiste — on la traque. Je suis mon île, confie la narratrice au détour d'une page. Plongée dans cette immense solitude, Cléo tente de travailler à son nouveau livre : la mort de ses parents l'a laissée exsangue, ses amours battent de l'aile. Alors quand apparaît à sa porte Gerónimo, un acteur hollywoodien qui prépare un film sur Cuba et détient des informations bouleversantes sur sa famille, sa vie bascule. Tour à tour enquête — puis véritable quête —, vertigineuse histoire d'amour mais aussi chronique d'une vie dans un Cuba où le régime à bout de souffle s'immisce dans le quotidien jusqu'à l'absurde, Dimanche de révolution dresse un portrait sensuel, aimant et corrosif d'une génération bouillonnante de vie et de créativité mais toujours écrasée par les soubresauts de cette révolution castriste qui n'en finit pas d'agoniser. L'auteur, dans le style remarquable de poésie qui la caractérise, capte admirablement l'entrelacs qui s'opère sans cesse entre événements personnels et histoire nationale, entre petite histoire et grande Histoire. Son roman, tout en livrant une charge vibrante contre le Cuba policier, ouvre l'espoir d'une échappée par les arts et l'écriture. Une lecture éblouissante, d'une grande sensibilité.
Par
Marianne Millon, Wendy Guerra Chez
Buchet-Chastel
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